Une peine de 15 ans de réclusion a été prononcée, le 7 mai dernier, par le tribunal criminel contre le prévenu L. M., qui était poursuivi pour homicide volontaire avec préméditation et guet-apens. Son co-inculpé, B. N., a quant à lui écopé de deux années de prison avec sursis pour non-dénonciation de crime. La genèse de cette affaire remonte à l'après-midi du 22 juillet 2007 à 16 h 30 et a eu pour théâtre la cité populaire de Ahmed Zabana, située sur les hauteurs de la ville d'Arzew dans la région est d'Oran. Selon les fait consignés dans l'arrêt de renvoi, une banale dispute de voisinage serait à l'origine d'un drame, qui a suscité la consternation des habitants de ladite cité. Rien ne prédisait effectivement que L. M., un ressortissant marocain journalier de son état de caractère réservé, allait mortellement poignarder son voisin de palier, B. S., cet après-midi là. « Il m'a humilié devant mon épouse en me traitant de tous les noms au seuil de mon domicile. Il était de forte constitution physique, il en était fier et il le montrait ostentatoirement. J'ai écouté la voix de la raison et je n'ai pas répondu à la provocation. Lorsque je lui ai fermé la porte au nez, il a quand même continué à tambouriner pendant un bon moment », a déclaré d'emblée L. M. pour tenter d'argumenter son geste, lorsque le président du tribunal l'invita à parler. En fait, le présumé accusé est sorti de son domicile quelques minutes plus tard pour s'acheter un paquet de cigarettes. La victime, B. S., l'aurait rejointe chez le buraliste. Les deux hommes sont venus aux mains et B. S. a pris rapidement le dessus sur son antagoniste. A un moment donné, L. M. s'est emparé d'un objet contondant et porta un coup à son adversaire. Ce dernier a sorti un coutelas, mais il a reçu un coup au bras qui l'a désarmé. L'inculpé en a profité pour le poignarder avec son propre couteau. Selon l'expertise médicale, la lame a sectionné l'artère fémorale de la victime qui a succombé à une forte hémorragie quelques instants plus tard. L'auteur du meurtre aurait pris la fuite et se serait réfugié chez son beau-frère, B. N., à Oran. Il s'est livré le lendemain à la police après avoir eu vent du décès de son voisin. « Je n'avais pas l'intention de le tuer. Je me suis défendu, lorsqu'il est revenu à la charge en me barrant la route à mon retour de chez le buraliste. C'était son couteau, je n'étais pas armé », a-t-il déclaré. Appelées pour témoigner à la barre, l'épouse de la victime et celle du prévenu n'ont rien apporté de concret qui puisse éclairer les membres du tribunal criminel. Le représentant du ministère public a mis en évidence le fait que le prévenu ait ciblé une partie sensible du corps pour enfoncer la lame de son couteau. « Les résultats de l'autopsie font état d'une blessure au niveau de l'aine d'une profondeur de 15 centimètres. L'accusé a prémédité son acte », a-t-il souligné en substance avant de requérir la réclusion criminelle à perpétuité. L'avocat de la défense a demandé la requalification des chefs d'accusation en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. « Mon client est de constitution chétive, contrairement à la victime. Il a eu peur de lui et a tenté de l'éviter, mais il l'a poussé au bout en lui barrant le passage. Il s'est acharné sur lui à coups de poing avant de le terrasser. Mon client ne pouvait rester les bras croisés. Le coutelas appartenait à la victime », a souligné l'avocat avant de conclure sa plaidoirie en demandant le bénéfice de larges circonstances atténuantes en faveur de son mandant.