Les ministres arabes des Affaires étrangères, réunis dimanche au Caire, ont rejeté « l'utilisation de la violence armée pour atteindre des objectifs politiques » et annoncé qu'ils enverraient une délégation ministérielle à Beyrouth pour des discussions avec les dirigeants libanais. Le débat entre les chefs de la diplomatie arabe a été intense, notamment entre l'Egypte, l'Arabie Saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït, la Jordanie et le Liban, d'une part, la Syrie (représentée par son ambassadeur à la Ligue, Ahmad Youssef) et le Qatar, d'autre part. Ainsi, la première mouture de la déclaration finale, rédigée par Le Caire, a été rejetée par Damas et Doha en particulier, parce qu'elle condamnait implicitement le Hezbollah, a rapporté hier L'Orient Le Jour. La réunion, a rapporté, hier, le quotidien libanais Al Akhbar, a été d'ailleurs marquée par de violents échanges entre les représentants de l'Arabie Saoudite et de la Syrie. Selon des médias libanais, cette délégation, qui ne comprendra pas l'Egypte et l'Arabie Saoudite, qui soutiennent le gouvernement de Fouad Siniora, ni la Syrie, alliée du Hezbollah, devrait arriver dans les prochains jours à Beyrouth. La mission diplomatique est composée de huit pays sous la présidence de cheikh Hamad Ben Jassem Ben Jaber Al Thani, Premier ministre du Qatar, et du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. Composée des ministres des AE d'Algérie, de Jordanie, de Djibouti, du Yémen, de Bahreïn, des Emirats arabes unis, du Sultanat d'Oman et du Maroc, la délégation a été pressée par sa mandataire, la Ligue arabe, d'œuvrer à rencontrer le plus vite possible les dirigeants des parties libanaises en conflit. C'est dans ce contexte de médiation que l'Algérie pourrait jouer un rôle déterminant, alors que des responsables des services de sécurité faisaient état, hier, d'au moins 59 morts lors des combats. Alger jouit d'un double avantage : sa neutralité vis-à-vis des acteurs libanais et leurs alliés extérieurs, ainsi que son capital diplomatique de confiance hérité de ses médiations efficaces lors de la guerre civile libanaise (1975-1990). Par ailleurs, selon L'Orient Le Jour, des dirigeants politiques libanais ont fait savoir, à ce sujet, que l'envoi de cette délégation est une « bonne » chose, tout en relevant que les Qataris, qui s'étaient rendus auprès de Bachar El Assad, 48 heures avant la tenue de la réunion panarabe, n'avaient pas réussi à convaincre Damas d'adhérer aux propositions saoudo-égyptiennes pour envoyer au Liban une force arabo-islamique pour aider l'armée libanaise. La délégation entend exiger de l'opposition qu'elle applique stricto sensu la décision de l'armée : abolir toute trace de milicien armé et rouvrir tous les axes bloqués. Les sources en question ont exclu que la délégation arabe réussisse à trouver une issue à la crise, estimant que si le miracle se produisait, Michel Sleimane serait élu le 13 mai et le gouvernement Siniora serait alors chargé d'expédier les affaires courantes. Au Caire, les ministres arabes ont décidé d'accorder en urgence une aide logistique à la troupe dont le rôle, ont-ils dit, est désormais extrêmement important. Ils en ont profité pour rendre un hommage appuyé à cette troupe et au communiqué qu'elle a publié samedi, approuvant le mandat qui lui a été donné par le cabinet Siniora.