Un minicentre d'emplissage abrite dans son site trois cigares de stockage remplis de gaz d'une capacité de 150 t et pas moins de 20 000 bouteilles remplies de gaz butane, soit 375 t. Le centre en question classé A2, c'est-à-dire hautement dangereux, se trouve entouré actuellement par des habitations, en l'occurrence des logements sociaux, un lycée, une promotion immobilière... Si une explosion de gaz devait se produire, l'espace urbain habitable serait transformé alors en site « thanatofère et serait soufflé sur un rayon de 3 km à la ronde, ne laissant rien derrière ». Tout a commencé avec un permis de construire en date du 9 mars 1985 accordé par le wali de l'époque à l'entreprise Naftal pour l'installation d'un mini-centre d'emplissage. Malheureusement, depuis quelques années, une extension du tissu urbain a été menée par les différents promoteurs immobiliers, sans tenir compte des règles élémentaires de sécurité qu'impose l'existence d'un centre d'emplissage de ce type, au point où les habitations ont été construite à moins de 40 m, alors qu'initialement le centre était placé à plus de 3 km. Aujourd'hui, l'inquiétude s'installe dans l'esprit de la population, les risques d'accident étant réels à plus d'un titre : la situation sécuritaire actuelle, d'une part, et le vieillissement de l'équipement, d'autre part. Trois grandes catastrophes marquent et marqueront sans doute pour toujours la mémoire humaine, celle de San-Juanico le 19 novembre 1984 où l'explosion de la sphère de stockage de gaz butane avait entraîné la mort de 500 personnes et causé 7000 blessés graves ainsi que des dégâts matériels évalués à plusieurs millions de dollars. La deuxième catastrophe est celle où un camion-citerne contenant du gaz liquide avait explosé, il y a de cela quelques années en Espagne ; les pertes en vies humaines et en biens étaient considérables, et enfin celle de Skikda il y a quelques mois. Face au danger encouru par la population, l'ex-wali, conscient du problème et soucieux de préserver la vie de ses concitoyens, a saisi la direction générale Naftal lui demandant de délocaliser le centre en question. Le wali de l'époque avait invoqué un point du procès-verbal de réunion établi entre l'entreprise Naftal et l'APC en janvier 1985. Lors de cette réunion, le représentant Naftal avait fait allusion à un mini-centre d'emplissage déplaçable. La réponse de la direction Naftal, division GPL Alger, en date du 19 janvier 2000 à la direction des mines et de l'industrie de la wilaya de Bordj Bou Arréridj indiquant « l'opinion d'un minicentre déplaçable », avait été évoquée comme l'un des choix possibles que devait prononcer l'entreprise, et non comme obligation absolue vis-à-vis des autorités locales. Par conséquent, Naftal est disposé à transférer son mini-centre à condition que la wilaya supporte le coût financier. Le coût des équipements et les frais d'installation sont de l'ordre de 25 milliards de centimes, soit plus que le budget alloué par l'Etat pour la construction des cités et du lycée. Aussi, lors de sa visite, le ministre de l'Industrie et de l'Energie en août 1996, informé de l'évolution de la situation, avait répondu aux autorités locales : « Si j'étais à votre place, je déplacerais les bâtiments plutôt que le centre, car cela reviendrait moins cher. » Par ailleurs, le responsable de la Protection civile a rappelé avoir émis un avis défavorable pour la construction de ces habitations. Pour l'instant, la population est en attente d'une bonne résolution du problème qui la menace.