Présidents de Sénats et présidents d'Assemblées nationales des pays membres du Dialogue 5 + 5 (Espagne, France, Italie, Malte, Portugal, Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie) se sont retrouvés à Paris mardi et mercredi derniers. Mardi, les parlementaires ont examiné à l'Assemblée nationale la question des migrations de populations et mercredi, au Sénat celle de la coopération décentralisée. L'Algérie était représentée par deux délégations, une délégation du Sénat dirigée par son président Abdelkader Bensalah et une délégation de l'APN conduite également par son président Amar Saïdani. « C'était une réunion intéressante. Nous n'avons pas utilisé le langage des diplomates. Nous avons fait le diagnostic de ce qui préoccupe aussi bien les pays d'accueil que les pays d'origine », a indiqué, lors d'un point de presse, Jean-Louis Debré, président de l'Assemblée nationale française, à propos de la séance de travail, mardi, sur la problématique des migrations de populations. « Le but de cette réunion est d'inciter nos gouvernements à orienter leurs politiques dans le sens d'une aide au développement, d'une meilleure intégration de l'immigration légale et de combattre l'immigration illégale », a-t-il ajouté. Abdelkader Bensalah a souligné que les pays du Sud connaissent ce phénomène d'immigration et le subissent, citant l'Algérie qui, depuis quelques années, s'est transformée en pays de transit, voire de fixation. Il a relevé que la gestion policière a ses limites et qu'« au lieu de prendre des mesures policières, il convient de réfléchir à d'autres formules, d'aider les pays d'origine par le développement de petites unités économiques, par exemple. La gestion policière est contre-productive ». Abondant dans le même sens, Jean-Louis Debré a souligné que « la Méditerranée est une terre de migration. Vouloir ou croire qu'on peut arrêter l'immigration est une illusion », a-t-il dit. « Le problème ne peut être réglé par un statut juridique ou des règles policières. » « La politique d'immigration s'intègre dans une politique générale. Notre responsabilité est collective. » Amar Saâdani a, pour sa part, dans une intervention en réunion plénière, rappelé que la 4e Conférence ministérielle des pays membres du Dialogue 5 + 5, qui s'est tenue à Oran il y a deux semaines, « a encouragé l'expression de la dimension parlementaire du Dialogue 5 + 5 et proposé l'organisation sous la présidence algérienne, juste après cette rencontre, d'une réunion des présidents des commissions des Affaires étrangères de nos dix pays ». « Nous sommes prêts, a-t-il ajouté, à accueillir cette rencontre dans les délais les plus rapprochés et prêts à proposer et convenir ensemble d'un ordre du jour où figurerait éventuellement la question des migrations dans sa dimension globale, à côté bien évidemment d'autres points importants du Dialogue 5 + 5. » Et de souligner qu'« il est naturel que le Forum des 5 + 5 se penche sur ce sujet et l'appréhende dans l'ensemble de ses dimensions, et ce, dans le cadre d'une coopération qui devra être étroite entre les gouvernements de tous les pays concernés du bassin méditerranéen, mais également leurs Parlements. »Pour ce qui est de la coopération décentralisée et de la coopération parlementaire, thèmes abordés hier au Sénat, Abdelkader Bensalah a indiqué : « du fait de son mode d'élection, le Conseil de la nation est dans une certaine mesure le représentant et le porte-parole des élus locaux. La coopération décentralisée le concerne donc directement. » « En impliquant les entités régionales, les collectivités locales, ainsi que les sociétés civiles et les organisations non gouvernementales, la coopération décentralisée structure et consolide les relations entre nos pays et diversifie leurs rapports. » Il a fait remarquer que le nombre d'actions engagées « reste en deçà des possibilités du potentiel disponible et des besoins de nos pays » et que « le niveau de développement de cette coopération est très inégal. Il varie considérablement d'un pays à l'autre, d'une région à l'autre, d'une ville à l'autre ». Et d'inviter à s'interroger sur « les raisons qui entravent encore le développement de cette coopération novatrice que tous nos pays appellent de leurs vœux ». Quant à la coopération parlementaire, Abdelkader Bensalah estime qu'elle est « à géométrie variable, elle prend des formes diverses, utilise des méthodes diverses et, surtout, un langage différent. On constate ainsi que la coopération parlementaire s'adapte à l'évolution du monde et emboîte très souvent le pas à la coopération entre Etats. » Le président du Sénat algérien propose d'organiser un 5 + 5 de commissions spécialisées qui se réuniraient annuellement ou semestriellement sur des sujets plus pointus.