Ils sont tombés au champ d'honneur le même jour, il y a 52 ans. Ils sont morts en héros et l'Algérie indépendante leur doit autant qu'à n'importe quel Algérien qui a donné sa vie pour que ce pays recouvre sa liberté et sa dignité. Ce sont Henri Maillot et Maurice Laban, tués par l'armée coloniale française le 5 juin 1956. Leur mémoire sera honorée, ce jeudi à 10 h, au cimetière chrétien de Diar Essaâda à El Mouradia sur les hauteurs d'Alger. Ces hommes de gauche (communistes), marqués par un immense sens de la liberté, de la justice et de l'équité, et surtout par un courage légendaire, se sont engagés très tôt dans la lutte pour la libération de l'Algérie et pour que l'ensemble de ceux qui habitaient cette contrée relèvent la tête. Maurice Laban, né en 1914, était un habitué des causes justes, puisqu'il avait déjà et sans hésitation pris fait et cause en 1936 pour les républicains espagnols, en s'engageant dans les rangs des brigades internationales en lutte contre les hordes fascistes de Franco, de Mussolini et d'Hitler. Les blessures ne le dissuaderont pas et il n'aura jamais de cesse de reprendre le combat. De retour en Algérie, il s'active dès 1940 contre le régime fascisant de Vichy. Durant ces mêmes années quarante, on retrouve Laban qui, rappelons-le, a été, quelques années auparavant, l'un des fondateur du Parti communiste algérien (PCA) au milieu des plus humbles de sa région natale (Biskra), où il aide à la naissance de réseaux de solidarité, promeut l'éveil syndical et participe, y compris contre l'avis de ses camarades organiques, aux luttes politiques et sociales, dont particulièrement la lutte pour l'indépendance de son pays. Laban s'engagera très tôt dans la lutte armée auprès des autres combattants et, comme beaucoup d'entre eux, il tombera très tôt comme martyr de la libération.L'exploit de Henri Maillot est connu. Ce jeune aspirant du Train de l'armée française passa avec bagages et surtout armes (un camion entier) à la cause de l'indépendance. Le lot de matériel militaire qu'il déroba à l'armée coloniale fera de lui un « officier félon » dans les colonnes de la presse d'Alger de l'époque. Les armes serviront pour une part à doter les « Combattants de la libération », créés par le PCA et, pour une autre part, à armer la région du Chélif. Fils d'un Européen de vieille souche, Henri Maillot se sentait d'abord un enfant de la justice et de la liberté. Ce jeune responsable communiste se fera tuer auprès de Laban quelques mois après que son « épopée », comme la dénommera plus tard Henri Alleg, un « haut fait d'armes ». Rendre hommage à ces gens-là, c'est rendre hommage au combat éternel de ceux qui croient que la justice doit être défendue en tout lieu et en toute circonstance.