Nos gouvernants sont-ils devenus fous ? Ils ont l'art de faire dans la provocation et se mettre à dos l'opinion publique nationale et internationale en prenant des décisions gratuites et intempestives. Qu'on en juge. Les moudjahidine algériens des trois confessions chrétienne, juive et musulmane ont décidé aujourd'hui de se recueillir sur les tombes de deux martyrs de la guerre de libération, Henri Maillot et Maurice Laban, morts au champ d'honneur le 5 juin 1956. Or quelle ne fut la surprise des organisateurs de la cérémonie lorsqu'ils ont été informés par les autorités qui leur ont dit qu'il faut au préalable une autorisation pour aller au cimetière ! Du jamais vu en Algérie ! Des combattants de la guerre d'indépendance, tous du troisième et du quatrième âges, risquent de se retrouver aujourd'hui face à face avec des policiers antiémeute et pourquoi pas tabassés. Imaginons le professeur Chaulet, figure emblématique de la résistance algérienne, matraqué par les flics. La décision du pouvoir est surprenante à plus d'un titre. Est-elle la suite logique de la politique inquisitoriale menée contre les évangélistes et les chrétiens en général ? D'ailleurs, les tribunaux de l'inquisition continuent à fonctionner à Tiaret. En cherchant à empêcher le recueillement, les autorités, semble-t-il, poursuivent leur chasse aux sorcières parce que les deux chouhada Maillot et Laban étaient d'origine chrétienne. Par cette opération, on veut sans doute faire plaisir aux forces intégristes qui ont fait un retour remarqué et encouragé depuis environ une dizaine d'années. Le locataire d'El Mouradia en personne a travaillé dans ce sens. Dans cette tragi-comédie, l'Organisation nationale des moudjahidine, dont l'une des missions essentielles est la défense de la mémoire et de nos chouhada, ême si elle s'est installée dans le confort et qu'elle cherche surtout à faire plaisir au puissant du moment, cela ne l'empêche pas de se démarquer de temps en temps et de faire preuve d'un peu de courage. Nous ne sommes malheureusement pas là. Entre temps, l'image de marque de l'Algérie se détériore irrémédiablement sur la scène internationale. Malheureusement, les maîtres du moment donnent l'impression que c'est le dernier de leurs soucis. Leurs préoccupations sont ailleurs. Ils scrutent surtout le prix du baril de pétrole et se délectent devant chaque augmentation.