Si, lors des années précédentes, certains édiles se sont donné la peine d'organiser des floralies dans leur commune, cette année, l'idée ne semble pas les effleurer. Une telle manifestation, censée célébrer les tumultes printaniers et adoucir un tant soit peu le triste décor de la cité, ne peut être qu'une initiative louable. Mais, nos magistrats municipaux refusent de composer avec les senteurs de la saison qui précède l'été. Ceux-là mêmes qui n'accordent pas d'importance aux rues respirant le beau et aux allées qui, autrefois, jubilaient au gré des bourgeons naissants de la saison frétillante. L'année dernière, le quitus a été accordé à une association écologique par l'APC de Bologhine pour l'organisation d'une floralie dans un espace public. Mais à la dernière minute, les augustes élus se sont retirés de la course avant de faire disjoncter carrément l'événement... Et si une commune ou un organisme consent à faire l'effort d'enjoliver l'environnement avec une telle opération, les chances sont ténues quant à sa reconduction l'année suivante. S'agissant des 57 communes que compte la wilaya d'Alger, pas une d'entre elles n'a jugé bon ni utile de convoquer, l'année en cours, des floralies, histoire d'amadouer notre quotidien avec la grâce que confère le green dont l'espace se rapetisse au fil des ans. Jusqu'à présent, les collectivités locales n'ont pas jugé utile d'inscrire dans leur calendrier d'animation une telle opportunité permettant de nous réconcilier avec le vert. Une occasion aussi d'offrir à la ménagère de fouler un autre espace que celui attribué aux ballots de fripe qui boostent les marchés informels qui ont pignon sur rue et autres braderies que d'aucuns affectionnent. A croire que l'exposition « floralies » relève de travaux herculéens. Même l'Epic Edeval, dont la mission est le développement des espaces verts, tourne le dos à cette initiative, au motif, relève-t-on, qu'elle est dépassée par la charge des instructions venues d'en haut, considérées comme urgentes. Et, pourtant, ce ne sont pas les pépiniéristes, horticulteurs et autres jardiniers qui manquent pour les inviter à occuper les artères, enjoliver le cadre de vie, tout en communiquant leur savoir-faire aux administrés. Enfin, une question me titille les méninges, c'est cette citation de Maurice Maeterlinck qui n'est pas moins sage et qui évoque avec le ferme propos : « Savons-nous ce que serait une humanité qui ne connaîtrait pas la fleur ? » . Dont acte.