La 4e édition du prix de la Plume libre a été remis hier à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou au journaliste Bachir Rezzoug et à son confrère tunisien, Slim Boukhdir, incarcéré dans son pays depuis le 26 novembre 2007. L'organisateur de la cérémonie, le Comité Benchicou pour les libertés, a invité des personnalités historiques, comme Yaha Abdelhafid, des représentants du syndicat des enseignants universitaires, des artistes, des militants des droits de l'homme ainsi que la coordination des archs, qui organise dans la même enceinte des activités pour la double commémoration du 10e anniversaire de l'assassinat du chanteur Matoub Lounès et du 7e anniversaire des évènements de Kabylie de 2001. Bachir Rezzoug a reçu son prix des mains de Aldjia Matoub (mère du chanteur), alors qu'en l'absence de Slim Boukhdir, c'est Abdelhafid Yaha qui a reçu la récompense du Tunisien de la part de la présidente de l'association Djazairouna, Chérifa Kheddar. Très ému, Bachir Rezzoug, hémiplégique, a remercié les organisateurs pour avoir pensé à lui. Il a déclaré : « J'ai une profonde pensée pour mes confrères et amis disparus comme Saïd Mekbel. Je rends hommage à tous les journalistes qui se sont sacrifiés pour la liberté d'expression. » Bachir Rezzoug, sur un fauteuil, inamovible, ne pouvait pas dire plus. De temps à autre, il s'éponge les joues, pleines de larmes. Le public l'applaudit. Certains s'interrogent sur l'identité et le statut social de cet homme qui ne peut pas bouger et auquel on rend hommage. Et ceux qui le connaissent, et ils sont nombreux dans la salle, se félicitent d'être là pour l'approcher. Mohamed Benchicou, directeur du journal Le Matin, prenant la parole, est plein de reconnaissance à l'égard de Rezzoug. « Bachir a imposé l'idée d'une presse qui cherche à éclairer plutôt qu'à plaire. C'est l'exemple sur lequel nous travaillons », a-t-il dit en substance. Cette 4e édition du prix de la Plume libre, qui s'est déroulée sous le signe « Un journalisme à l'écoute de la société », a été aussi une leçon de courage et de respect, tant la présence de Bachir Rezzoug, du haut de ses 67 ans, est un acte d'engagement vu son état de santé.