Mohammed Djahdou, directeur général de la Direction générale de la comptabilité (DGC) au ministère des Finances, reconnaît l'existence de malversations et de détournements au sein de certaines structures rattachées à la DGC. Intervenant lors de la présentation des grands axes du projet de modernisation et de développement des services du Trésor public, M. Djahdou a minimisé, cependant, l'ampleur de ces pratiques. « Ce n'est pas un fait généralisé. Il n'y a pas de problèmes majeurs. Nous ferons de notre mieux pour mettre fin à ces pratiques », dédramatise-t-il, sans pour autant donner le montant du préjudice occasionné au Trésor public. M. Djahdou n'a pas omis de faire une autre confidence sur un ton inquiet. « Ce n'est pas le montant des malversations qui nous préoccupe, mais plutôt le nombre de ces pratiques. Les montants ne sont pas importants », confesse-t-il. Fait révélateur : le conférencier affirme encore que pas plus loin qu'hier, ses services ont découvert le pot aux roses dans une affaire de détournement dans une structure d'une wilaya du pays. Les dessous de cette affaire ont été gardés secrets. Interrogé sur l'efficacité des cartes de paiement bancaires émises au profit des usagers des banques, l'orateur soutient que 95% des cartes utilisées ne souffrent d'aucun problème. « Nous n'avons pas connaissance d'un nombre excessif de dysfonctionnements », rassure-t-il. Pourtant, de nombreux clients des banques et de la poste étaient surpris de constater que leurs cartes de paiement sont « hors champ ». « Je dispose de ma carte depuis une année. Elle ne sert à rien », révèle un confrère comme pour donner la preuve tangible d'un cas où ces cartes peuvent être inopérantes quelque temps. Invité à donner son avis sur la réévaluation du prix de référence du pétrole inscrit dans la loi de finances complémentaire 2008, qui passe de 19 à 37 dollars, M. Djahdou, tout en confortant la décision du ministère des Finances, a expliqué que le gouvernement a prôné une « démarche prudente ». « Le prix de 37 dollars adopté est la moyenne des dix dernières années », précise-t-il. Le premier responsable de la DGC a dévoilé, par ailleurs, les grandes lignes centrales du projet de réforme et de modernisation des services du Trésor pour lequel le gouvernement a puisé la bagatelle de 10 milliards Da, l'équivalent de 3 à 3,5 milliards/an. Parmi ces axes, M. Djahdou citera notamment la modernisation du système de traitement des paiements, la restructuration du circuit de dépense et la révision du plan comptable de l'Etat (PCN). Evoquant la réforme des professions d'expert-comptable, de commissaire aux comptes et de comptable agréé, le conférencier a balayé d'un revers de la main les allégations selon lesquelles ces professions seront mises sous la botte de la tutelle. « On ne cherche pas à exercer une pression sur cette corporation. Les commissaires aux comptes et les autres sont indépendants », poursuit-il. Au chapitre de la formation pour 2007, M. Djahdou annonce que la DGC a recruté 1000 jeunes diplômés et 100 autres pour suivre une formation adéquate. Durant la même année, 1700 agents ont été formés alors que 3230 subiront une formation en 2008. Le coût engendré par ce cycle de formation s'élève à 7 milliards de centimes. Selon lui, les dépenses publiques ont quadruplé en huit années. Estimées à 1176 milliards de dinars en 2000, elles ont atteint la barre des 4882 milliards dinars en 2008.