La chancelière allemande Angela Merkel effectuera une visite officielle à Alger les 16 et 17 juillet prochain. L'annonce de cette visite faite hier par la voix du porte-parole adjoint du gouvernement allemand, Thomas Steg, ne s'étalera pas sur les détails du programme de cette visite, mais précise seulement que la chancelière s'entretiendra avec le président Bouteflika. Annoncée déjà depuis quelques mois, mais sans qu'une date ne soit avancée, la visite de la responsable allemande interviendra finalement trois jours après la tenue du sommet constitutif de l'union pour la Méditerranée prévue le 13 juillet à Paris. Le timing choisi pour cette visite pourrait traduire une volonté de la chancelière de montrer que le monde ne s'arrêtera pas au projet français, mais que les relations bilatérales continueront d'être le principal moteur des rapports Nord-Sud. La frilosité allemande au sujet du projet de Sarkozy a largement élargi « les tranchées » entre les deux pays européens dont les deux chefs d'Etat ne cachent plus leur rivalité pour avoir le dernier mot sur l'échiquier européen. Angela Merkel, par cette visite, devrait infliger un autre revers à Sarkozy en plus de celui qu'elle lui a imposé au mois de mars dernier à Bruxelles en refusant que les Européens du Nord soient exclus de l'UPM et d'exiger qu'il devienne un simple prolongement du processus de Barcelone. Si Alger n'a pas dit non à ce projet, elle continue d'émettre des réserves et demande que des clarifications lui soient apportées, notamment sur le rôle d'Israël dans cette union ainsi que sur la traduction du concept de coresponsabilité au sein de cet ensemble dont les desseins demeurent empreints de confusion. L'Allemagne émet elle aussi des réserves même si elle ne refuse pas l'idée de collaborer avec les pays du Sud. « La position de l'Algérie, qui préfère d'abord s'informer sur son contenu avant de se prononcer, est tout à fait juste », indiquait au début du mois en cours l'ambassadeur d'Allemagne à Alger, Johannes Westerhoff, qui soulignait une convergence de vues entre les deux pays. Il affirma que l'Allemagne est loin d'être opposée au projet, mais que le contenu du projet n'a pas la substance suffisante pour pouvoir juger de sa teneur. « L'ouverture du projet à une partie de l'Europe ou à tous les pays du vieux continent est à définir », dit-il. Ceci en soulignant que « sans l'Algérie, le projet d'union pour la Méditerranée n'a pas de grandes chances de réussite » et d'ajouter que Berlin considère Alger en tant qu'Etat voisin et non pas comme le voisin du voisin. Le clin d'œil à la France – qui s'est toujours considérée comme le partenaire privilégié de l'Algérie du fait de la proximité géographique et du passé commun entre les deux pays – ne trompe pas. Outre le dossier de l'UPM, la prochaine visite de Mme Merkel en Algérie devrait s'inscrire dans le cadre du renforcement de la coopération bilatérale, notamment sur le plan économique, afin de prouver que le voisinage n'est pas seulement géographique, mais surtout une affaire d'entente commerciale. L'ambassadeur Westerhoff l'a d'ailleurs souligné lors de sa dernière conférence de presse en précisant que son pays est disposé à développer sa coopération avec l'Algérie dans tous les domaines, notamment politique, économique et sécuritaire. Si sur le plan sécuritaire, le rapprochement s'est densifié autour de l'échange d'informations, l'aspect économique de la coopération est, quant à lui, positif, mais appelé par les deux parties à être plus important. Figurant dans le top cinq de ses principaux fournisseurs, l'Allemagne compte 150 sociétés implantées en Algérie dont certaines ont créé leurs structures, comme la Deutsche Bank, Lufthansa, SAP ou encore SIXT. Alors que d'autres ont réalisé des investissements dans le cadre des privatisations et des joint-ventures telles que Linde, Henkel, Siemens, Knauf, BASF, Dywdag, etc. Le volume des exportations allemandes a augmenté en 2007 de 20% en totalisant un montant de 1,8 milliard de dollars.