Au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Saïd Barkat aura en priorité à gérer de lourds dossiers qui ne diffèrent pas de ceux qu'il a cédés à son successeur au ministère de l'Agriculture. La nature de ces dossiers est tout aussi sensible, voire névralgique. La question qui se pose est de savoir si Saïd Barkat est en mesure de résoudre tous les problèmes laissés en suspens par son prédécesseur Amar Tou, à l'image de l'affaire des ruptures de stocks des médicaments dans les officines et dans les établissements de santé publique. Une rupture que Amar Tou n'a jamais voulu accepter alors que des malades lancent des SOS à travers le pays. Selon les prévisions des spécialistes, cette rupture sera de plus en plus importante dans les mois prochains d'autant que les dernières dispositions réglementaires relatives à l'importation de médicaments ont énormément perturbé le marché. Outre l'exigence faite aux importateurs de réduire de près de 50% les quantités des produits importés, la non-signature de certains des programmes d'approvisionnement et des avenants, la nouvelle loi sur les marges bénéficiaires, d'autres mesures se sont ajoutées pour compliquer davantage la situation du médicament en Algérie dont la politique fixée à ce jour manque de clarté. Les entraves sont nombreuses, à commencer par l'élément essentiel qui engage tout le processus pour la disponibilité du médicament, à savoir les conditions d'enregistrement de nouveaux produits pharmaceutiques. Lequel est aujourd'hui pratiquement bloqué. Ce qui explique d'une part la rareté de certains produits et ce qui va à l'encontre de la politique du générique prônée par les pouvoirs publics. Désormais, les dossiers d'enregistrement des produits pharmaceutiques d'un opérateur ou de son représentant dûment habilité et contractuellement désigné sont soumis à « l'obligation d'existence d'une représentation légale sur le territoire national du laboratoire pharmaceutique concerné, à travers une forme juridique de droit algérien jouissant de la personnalité morale prévue par la réglementation en vigueur et bénéficiant d'un statut pharmaceutique agréé tel que défini par les textes réglementaires ». Les opérateurs pharmaceutiques nationaux et étrangers ont jusqu'au 30 juin prochain pour se mettre en conformité avec la nouvelle obligation. « Dans le cas contraire, les dossiers engagés auprès des services de l'enregistrement du ministère de la Santé feront l'objet d'une notification de restitution sans délai », lit-on dans l'avis signé par la sous-directrice de l'enregistrement, Mme Kacimi El Hassani, le 30 mars 2008. L'adoption de la nouvelle loi sanitaire par l'APN consacrant la création de l'Agence nationale du médicament est aussi un des grands chantiers du secteur qu'il faut engager pour aboutir à une gestion transparente et efficace. Mis à part le médicament, le nouveau ministre de la Santé a aussi sur les bras la gestion des établissements de santé publics et privés dont une douzaine ont fait l'objet de fermeture « abusive » le mois dernier. Comment va-t-il procéder pour régler cette situation et pour rendre plus humains et plus efficaces les hôpitaux publics ? Il doit également relancer le programme de la contractualisation pour une meilleure gestion des soins, que trois ministres n'ont pas pu mettre en place. Le choix porté sur Saïd Barkat pour le secteur de la Santé répond-il à une compétence avérée ou bien au simple fait qu'il soit titulaire d'un diplôme en médecine ?