Les anciens habitants du douar oued Aberar, comme la famille Boutazert, étaient contraints de quitter ce « hameau » durant les années 1990 pour cause d'insécurité, alors qu'aujourd'hui, nombreux sont ceux qui réclament le retour avec des aides financières pour rénover leur demeure, saccagées par les actes terroristes. Ils avaient aussi tout perdu durant la décennie écoulée (bétail, production agricole…) et lors des feux de forêt. Aujourd'hui, ils réclament des soutiens pour relancer l'agriculture « purement bio » de montagne à travers le don d'arbres fruitiers, entre autres. Rencontrée sur place en train de visiter les vergers, « khalti » Kheira, une vieille de 70 ans, n'a pas cessé de pleurer sa maison, ses terres, et les belles années qu'elle avait passées à oued Aberar avant le terrorisme, un lieu connu pour ses nombreux héros et chouhada durant la révolution nationale. « Je ne supporte plus la ville. Elle m'a rendue malade, et je veux respirer la santé tout en finissant ma vie sur la terre de mes ancêtres », nous dira-t-elle avec un air triste et mélancolique. « Je veux juste qu'on m'aide réellement pour réhabiliter ma maison, puisque les promesses n'ont jamais été suivies par une concrétisation sur le terrain », ajoute-t-elle. A oued Aberar, il y a beaucoup de maisons abandonnées et sa charmante mosquée a été fermée faute de fidèles. Il y reste uniquement une vingtaine de personnes juste pour surveiller leurs biens. « Durant les années 1990, c'était le terrorisme qui battait son plein, alors qu'après cette décennie c'est au tour des feux de forêt qui ont ravagé nos arbres fruitiers », renchérissent un groupe de citoyens, originaires du douar. Oued Aberar compte aussi beaucoup de saints hommes, et les appellations par rapport à ce genre de personnages y sont omniprésentes, donnant ainsi une dimension mystique à ce lieu où le « sacré » rime avec le silence religieux. On y trouve également un frêne (arbre appelé localement derdara) qui jouxte la fontaine du douar, qui serait trois fois centenaire. D'après des témoignages, cet arbre a été reproduit par un peintre dont le tableau est au niveau du mausolée de Sidi M'barek, le saint de la ville de Koléa (wilaya de Tipaza). Pourquoi ? Ce saint homme aurait-il vécu à Oued Aberar ?, nous demande-t-on. La flore était riche et nécessitait, en urgence, préservation et protection, pour éviter son endommagement. Avant les feux de 2007, on trouvait en abondance les amandiers, les cerisiers, le mûrier, le figuier, le grenadier, le châtaignier, le poirier, le jujubier, l'olivier, le laurier, le frêne, le pin, etc. « La terre de oued Aberar est très généreuse, on y cultivait même les lentilles », insiste l'un de nos interlocuteurs. Enfin, le discours officiel, qui prône l'aide et le soutien des anciens habitants de la campagne et des montagnes, afin qu'ils retournent vers leurs terres, n'est finalement qu'un slogan qui attend une réelle concrétisation.