Le théâtre de Verdure a accueilli, jeudi dernier, le retour sur la scène artistique du groupe pop rock T34. Les musiciens du groupe ont pris de l'âge, et ont su faire leur mue, avec, tout de même, un absent, le percussionniste Omar Amroune, décédé l'année dernière, qui a été « remplacé » par Arezki Baroudi, batteur à la gestuelle toujours (dé)mesurée. Khaled Louma, le chanteur du groupe, et le guitariste Mourad Rahali ont été rejoints par d'autres musiciens non moins talentueux : en plus de Baroudi, il y a Boualem Kasmi (D. J.) et Mhenni Benlala (à la basse). Des reprises des succès des années 1980, mais aussi de nouvelles chansons d'un album qui sortira dans les bacs incessamment, ont été interprétés dans une débauche de couleurs. Les teenagers, qui ont à peine entrevu le passage du groupe sur scène avec Boualem El Far, s'en réjouiront aussi : il auront apprécié la touche d'un rock toujours actuel. Les éléments du groupe, qui vivent en France depuis plusieurs années déjà, ont renoué avec la terre qui les a vu naître et au succès artistique. Mais que de coïncidences pourtant ; les musiciens, qui ont choisi pour nom le numéro de la chambre et la lettre du pavillon de la CUTA de Ben Aknoun (La résidence des Crocos, pour reprendre le mot bien senti des étudiants), sont ensemble depuis… 34 ans. Leurs fans, pas du tout en mal d'imagination, les comparent souvent à ce char russe du même nom. Last but not least, c'est un 3 juillet 1993 que s'est produit, pour la dernière fois, ce groupe avec feu Hasni. Depuis, c'est silence radio. Seul imprévu : le groupe est à la recherche d'« un bon éditeur ». Même souci que le rocker Moh KG2, qui semble ne pas trouver un éditeur sur la place d'Alger, consciencieux et ayant une grande idée de son travail. Après 5 albums, celui qui se dit influencé par les T34 se cherche toujours. Le passage de Mohamed, toujours cheveux en bataille, a ravi le public. Autre invité surprise de cette soirée, Patrick Coutin, interprète français, qui s'est dit fier de jouer en terre algérienne « un rêve qui s'est réalisé à l'occasion de ce récital », assure-t-il. Des reprises des chanteurs de rock mythiques étaient aussi au menu. Boualem El Far saura plaire à un public qui ne s'est jamais fait d'illusion ; le rock chanté s'est mélangé avec des sonorités du terroir ; le chabi s'y est fait, comme toujours, une place de choix. L'Etablissement Arts et culture s'est fait une réputation, des invités de marque et une organisation qui commence à se bonifier. Cheïk Sidi Bémol enchantera le public dans les prochains jours.