Jeudi 18h. C'était l'heure où devait intervenir le président Sarkozy au palais du Pharo. Ce dernier n'était pas venu, il a dépêché l'un de ses conseillers à la rencontre de Med Business Days. Les opposants au projet du président français ont choisi ce moment pour organiser une manifestation au vieux port de Marseille. Pas pour soutenir M. Sarkozy dans son initiative de l'union pour la Méditerranée, mais pour la qualifier de « honte ». Encadrée par un cordon impressionnant de CRS, une centaine de manifestants, pour la plupart du nouveau parti dit anticapitaliste, se donnaient à cœur joie à des chansons critiques de la politique sarkosienne. Pour N. C., une militante de ce parti : « Cette UPM ne fera qu'accélérer encore davantage le pillage des richesses des pays de la rive sud de la Méditerranée. » « Le libre échange c'est une route pour les capitaux, mais pas pour les peuples », dénonce-t-elle. « La politique de Sarkozy sème la honte, la mort », lâchera sa collègue. Une militante de RESF (Réseau éducation sans frontière), estimera de son côté que les échanges que vont faire les patronats ne sont pas tout à fait une promesse de paix. Selon elle, « les pays arabes vont en faire des échanges sous la pression européenne sans qu'Israël n'ait fait la moindre concession ». Alain Castan, un militant du parti anticapitaliste n'est pas lui aussi avare en critique de l'UPM. Il estime que « cette Union participe à une volonté de couper l'Afrique du Nord avec le reste de l'Afrique ». Les manifestants ne veulent pas d'une Méditerranée du Business mais d'une Méditerranée des peuples. L'association Mille Babords s'est jointe à la manifestation. Elle estime que les accords euroméditerranéens de libre-échange aggravent la situation des peuples de la région et divisent les pays africains entre le Maghreb et l'Afrique Noire. Cette association affirme son rejet catégorique « des politiques antisociales, répressives et néocoloniales dont Sarkozy s'est fait le porte-parole le plus intransigeant ». Pour cette association, en rejoignant le Haut-commandement de l'Otan, la France est maintenant la meilleure alliée de Bush. « Le Parlement européen a osé voter la directive de la honte, permettant d'enfermer les travailleurs étrangers jusqu'à 18 mois », dénonce cette association. Elle estime aussi que « les émeutes et les fortes manifestations qui se développent au Maroc et en Tunisie font voir une réalité que les dictateurs protégés de la France ont du mal à masquer par la répression ». Cette association qualifie la réunion des ministres du Commerce et les rencontres des patronats qui se sont tenues les mercredi et jeudi à Marseille de « provocation ». C'est dire que le sommet des chefs d'Etat à Paris ne se déroulera pas sans bruit.