Certes, les skippers de la régate Marseille-Alger Cup sont repartis hier vers Marseille satisfaits. Néanmoins, ils ont manifesté quelques regrets. Tout en se montrant reconnaissants pour l'accueil chaleureux réservé aux voiliers, les organisateurs de la manifestation déplorent cependant le manque d'intérêt pour cette course. En effet, mis à part le directeur général de l'ONAT, M. Belkasmi, aucun autre responsable du département du Tourisme n'était présent au port d'Alger pour assister au retour de ces voiliers vers la cité phocéenne. Ce qui a fait réagir le trésorier d'Amer (organisatrice de cet événement avec le ministère du Tourisme) Brahim Djellouadji, qui a déploré « le manque d'intérêt suscité chez certains cadres de l'administration du tourisme ». Aux yeux de ce responsable qui a été à l'origine de cette « idée insolite » d'une régate vers Alger, « ces responsables ne mesuraient pas l'impact de ce genre de manifestation au plan international ». Ce n'était pas le seul désagrément qu'ont rencontré les 17 skippers qui ont tenté pour la première fois la destination Algérie. Prévue dans la baie d'Alger, l'arrivée de la régate a été détournée vers le port d'Alger. « Ça nous a beaucoup perturbés », reconnaît le directeur technique de cette course, Manuel Bergman. « Le seul souci était le changement de destination, on aurait pu nous prévenir à l'avance. Ça nous a perturbés », regrette-t-il. Content d'avoir fait cette traversée en la qualifiant de « culturellement très symbolique », M. Bergman dit repartir avec « une belle image de l'Algérie ». Le directeur d'Amer, Jean-Pierre Averty, n'a pas lui non plus caché ses appréhensions : « Que le peuple algérien s'éveille à sa culture marine dans le sens de mettre en valeur ce genre d'initiatives. » Il n'en demeure pas moins toutefois que les organisateurs sont contents d'avoir réussi cette première édition de la régate Marseille-Alger. « On est ravis que cette première se soit réalisée. Les skippers sont arrivés éblouis par la beauté de la baie d'Alger et satisfaits des conditions d'organisation de leur séjour », reconnaît M. Djellouadji. Il n'a pas omis de remercier toutes les autorités du port d'Alger pour « leur fructueuse collaboration », mais aussi de rendre « un vibrant hommage au commandement des gardes-côtes algériens pour leur très haut niveau technique, leur aimable soutien et toute la compréhension ». Pour M. Djellouadji, « sans ça la régate n'aurait pas eu lieu ». Michel, un accompagnateur de cette régate, n'a qu'un seul rêve : « Que l'amiral algérien décide de construire un chebek, un voilier mythique, que toute les marines du monde ont imité, pour lutter à armes égales, pour faire un voilier école pour les voiliers d'Algérie. » Ce serait, à ses yeux, le premier voilier méditerranéen à voile latine reconstruit dans le monde. Il est vrai qu'une grande galère de 50 mètres existe déjà en Suisse, précise-t-il. Cela étant, le retour de cette régate sera un peu compliqué. « Les conditions seront agréables jusqu'au Baléares, mais au-delà ce serait un peu plus dur vers la fin, car il y aura un vent fort », explique M. Bergman, directeur technique de cette course. D'ailleurs, à partir de là « on ne sait pas encore s'ils vont continuer à Marseille ou s'arrêter à Estartitt ». Il est à noter que le prix, à l'arrivée de la régate à Alger, est revenu à Fabien de Soitec. Delphine Casas était la première fille à arriver dans l'équipage mixte. C'est un double événement pour elle, car elle a fêté son anniversaire au bord de son voilier, la veille de son arrivée dans la baie d'Alger. « C'est un soulagement, c'est tout un plaisir de venir dans ce pays », dit-elle. Comme elle, Jean-Pierre Averty souhaite revenir en Algérie. C'est déjà fait, les organisateurs promettent de le faire dans deux ans. « D'ici là, on aimerait que des bateaux algériens puissent s'engager », a-t-il conclu.