Dans beaucoup de pays du monde, la surexploitation des ressources halieutiques a imposé les conceptes tels que : la surpêche, les quotas et la pêche responsable. Elle a mis les gouvernements, notamment européens, devant le défi de protéger le poisson et a dicté cette devise : « Sauvons les poissons, mangeons du poulet ». La menace a pesé sur des pays du pourtour méditerranéen qui ont signé « la charte internationale de conduite pour une pêche responsable ». L'Algérie qui a paraphé cette charte n'en est pas vraiment à ces inquiétudes et pour cause. Nous ne pêchons pas encore tous nos poissons. « Tous les scientifiques du monde s'accordent à dire que 50% du stock halieutique au niveau mondial sont surexploités, 30% sont aux limites de l'exploitation et seulement 20% sont en-deçà de leur potentiel et l'Algérie fait partie de ces 20% » a expliqué Smaïl Mimoun, ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, en marge de la signature, en avril dernier, d'une convention entre l'Université de Béjaïa et la direction de la pêche (DPRH) de la wilaya pour la création d'un laboratoire de recherche associé sur les sciences de la mer. La production nationale est à près d'un tiers du stock pêchable qui peut atteindre les 220 000 tonnes par an selon une étude espagnole. « Nous n'avons pas encore exploité tout notre stock halieutique ; c'est pour ça que nous avons initié un plan de développement et de modernisation de la flottille pour exploiter en optimum la ressource », avait déclaré le ministre. A Béjaïa, la production annuelle a observé, d'après le dernier bilan de la DPRH, une augmentation de 500 tonnes pour atteindre les 3500 tonnes sur les 5000 en stock. Mais la production locale est restée en-dessous des 5% de la production nationale. Si le poisson blanc, comme le rouget et le merlu, y est, estiment les spécialistes, suffisament pêché, le poisson rouge, lui, ne l'est pas encore. Il existe des points de cale dans la baie bougiote avec des moyennes de rendement qui peut aller jusqu'à 187 kg à l'heure. En tout, les eaux bougiotes renferment sept variétés de poissons dont la sardine, le saurel, le poulpe et l'anchois. La sous-exploitation qui a fait naître la caricature du poisson qui « vieillit sous nos eaux » est illustrée par les conclusions des études d'évaluation des ressources réalisées en 2003 et 2004 qui ont révélé l'existence d'une zone de recrutement des anchois dans la baie de Béjaïa. Aujourd'hui, ce sont au moins 1500 tonnes de poissons que n'arrivent pas à prendre les filets de nos marins pêcheurs chaque année et c'est autant de tonnes qui manquent sur la balance de la loi de l'offre et de la demande pour espérer une baisse du prix sur le marché. La pêche maritime emploie dans la wilaya 998 élements (830 marins, 132 patrons et 36 mécaniciens). 542 parmi eux ont bénéficié depuis 2004 d'une formation dans les postes de marins qualifiés, électroélectriciens et autres détenteurs de certificats d'aptitude professionnelle. Mais, l'optimisation bute surtout sur le problème de l'insuffisance de la flottille et de son vieillissement. Théoriquement, la flottille de pêche immatriculée dans la wilaya est de 221 unités, soit 116 chalutiers, 34 sardiniers, 170 petits métiers et un corailleur. Cependant, ce n'est pas autant d'unités que l'on peut retrouver en exploitation. Sur le terrain, il faudra en déduire d'abord le coraileur, la pêche au corail étant interdite depuis quelques années, et ensuite ces nombreux petits métiers à l'arrêt. Ce chiffre de 221 unités comprend les 42 chalutiers, sardiniers et petits métiers qui ont été acquis, en plus de la réalisation d'une fabrique de glace et d'une unité de fabrique de thon à Oued Ghir, dans le cadre du programme de soutien à la relance économique. Une flottille que peut accuellir, entre autres, le port de pêche de Béjaïa qui vient d'augmenter ses capacités d'accueil à la faveur des travaux d'aménagement et d'extension qu'il a subis.