Il faut de sérieuses politiques internationales pour conserver les ressources génétiques aquatiques et améliorer la sécurité alimentaire mondiale, a déclaré l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à l'ouverture de la session biennale de la Commission des ressources génétiques pour l'alimentation et l'agriculture (CRGAA) qui se tient du 11au 15 juin, mettant en garde contre l'absence d'une gestion cohérente. L'expansion rapide de l'aquaculture et la surexploitation de nombreuses pêches de capture ont créé des conditions telles qu'une utilisation irresponsable des ressources naturelles peut avoir des conséquences environnementales et sociales négatives et entraîner des conflits intersectoriels, sans compter l'absence d'une vision durable, selon un rapport présenté à la Commission par le Département des pêches et de l'aquaculture de la FAO. Le document soutient que pour effectuer la transition vers des pêches d'aquaculture et de capture plus responsables, durables et productives, il faut essentiellement une gestion plus efficace des ressources génétiques halieutiques, et la CRGAA est bien placée pour répondre à cette attente. Il faut toutefois reconnaître les contributions croissantes de l'aquaculture aux disponibilités mondiales de poisson et les problèmes de gestion efficace des pêches de capture qui ne sont pas bien caractérisées génétiquement en termes d'investissement accru dans les politiques d'aménagement des ressources génétiques halieutiques, a mis en garde la FAO. A l'état sauvage, les ressources génétiques halieutiques aident à déterminer la productivité des populations de poisson et leur adaptabilité aux stress de l'environnement comme le changement climatique et le développement humain. Dans l'aquaculture, elles affectent la performance du poisson d'élevage, aident les pisciculteurs à satisfaire la demande des consommateurs, et influencent même l'interaction entre poisson d'élevage et poisson sauvage. Cependant, les informations sur les ressources génétiques aquatiques sont clairsemées, l'application de la génétique aux pêches de capture et à l'aquaculture est jusqu'à présent limitée, et on manque de mécanismes adéquats de conservation de la diversité génétique des poissons d'élevage et de leurs parents sauvages, selon la FAO. Et même si une plus grande domestication et amélioration génétique des poissons d'élevage se traduisait clairement par un gain de productivité, nombre des ressources génétiques concernées ne sont pas pour autant caractérisées, et sont menacées. Depuis des décennies, les publications de la FAO exposent la situation mondiale des stocks de poisson. Citons " l'état des ressources halieutiques marines mondiales " et " La situation mondiale des pêches et de l'aquaculture " Ces deux rapports montrent qu'environ 1 000 espèces marines et d'eau douce différentes sont prises dans les pêches de capture chaque année, tandis que quelque 236 espèces de poisson, d'invertébrés et de plantes sont cultivées dans les exploitations piscicoles. Si ces rapports offrent des indicateurs généraux de l'état de la biodiversité pour les principaux stocks halieutiques commerciaux , il est fort probable qu'ils sous-estiment le nombre d'espèces capturées, tandis que des informations détaillées au niveau génétique font encore défaut. S'ils disposaient d'informations plus détaillées sur les ressources génétiques aquatiques, les responsables des pêches de capture auraient une vision beaucoup plus pointue de l'état des stocks, ce qui leur permettrait de mieux cibler les saisons de fermeture, les contingents de pêche et autres mesures. Cela éclairerait aussi les interactions entre les stocks sauvages et les stocks d'élevage, qui constituent une préoccupation grandissante. Dans de nombreux cas, on ne peut identifier les impacts sur la diversité aquatique indigène des poissons qui se sont échappés des fermes piscicoles, ou des poissons qui sont élevés à l'état sauvage, car on ne dispose tout simplement d'aucune information sur les ressources génétiques des poissons sauvages et d'élevage. Toutefois, ces informations génétiques sont difficiles à obtenir et sont peu utilisées dans l'aménagement des pêcheries. La génétique a aussi un rôle fondamental à jouer pour aider l'aquaculture à satisfaire la demande croissante de poisson dans le monde. La plupart des pêches mondiales de capture marines sont soit déjà pleinement exploitées, soit en déclin à cause de la surexploitation et des dégâts à l'écosystème et leurs niveaux de production plafonnent. D'ici 2030, il faudra 40 autres millions de tonnes de poisson par an pour répondre à la demande mondiale. L'aquaculture, qui assure déjà 44 % de toute l'offre de poisson, semble être la voie toute tracée. On s'interroge, néanmoins sur ses capacités de relever cet enjeu. Mais, indique la FAO, en accordant une plus grande attention aux ressources génétiques aquatiques et en s'attachant à des pratiques plus responsables et plus efficaces, indique la FAO, l'aquaculture peut constituer une grande part de la solution - tout en limitant son utilisation des ressources naturelles, telles que l'eau ou les aliments pour les poissons.