La colère monte d'un cran chez les habitants de la cité Daksi et pour cause. Les quelques terrains qui leur permettent encore de respirer dans cette zone surpeuplée risquent de disparaître sous les blocs de béton. Les habitants de Daksi, regroupés en une association, refusent d'admettre de nouvelles constructions. Le problème est apparu pendant l'été dernier. Auparavant, les habitants ont eu affaire à la coopérative immobilière des travailleurs de la clinique des reins, située à la lisière de la cité. La coopérative avait bénéficié en 1994 d'un terrain pour la réalisation de 20 logements et d'une dizaine de locaux commerciaux. Malgré la réticence des habitants, le projet a démarré mais s'est arrêté au premier niveau pour être abandonné ensuite. Ce n'est qu'en avril 2004 que le projet va reprendre, mais cette fois pour la construction de trois immeubles de 35 logements dans le cadre d'un contrat avec un promoteur privé. Curieusement, un mois après, la coopérative décide, selon des membres de l'association, de céder le terrain au promoteur, cela « avec la complicité de certains responsables notamment au niveau de la direction de l'urbanisme et de la construction (DUC), en témoigne la liste des 15 souscripteurs ». La décision n°617 du 9 juin 2004 émanant de la DUC autorise, en effet, le promoteur à construire 35 logements sociaux participatifs. Les plaintes et les correspondances adressées au wali par les habitants ont abouti à l'interruption du projet par les autorités. L'annulation définitive, cependant, n'a pas été ordonnée, ce qui a conduit l'association à introduire une action de justice en référé contre le promoteur et la coopérative immobilière. Le conflit est d'autant plus exacerbé entre les deux parties depuis que le promoteur a bénéficié d'un autre terrain dans le même quartier pour construire, selon des indiscrétions, 70 logements. Une autre coopérative a réussi, elle aussi, a bénéficié d'un autre terrain pour réaliser 24 logements et tout cela ne peut que soulever des interrogations sur le secret de ces privilèges, car il s'agit bien de privilèges. Le tissu urbain à Constantine étant saturé, la nouvelle politique avait décidé d'orienter tous les nouveaux projets sur les communes voisines, essentiellement sur la nouvelle ville Ali Mendjeli. De nombreux projets d'équipements publics n'ont pas encore été lancés faute de terrains justement, et pour l'habitat, cela relève tout simplement de l'impossible. C'est du moins ce qui est reconnu officiellement, mais il y a eu un précédent concernant le terrain de Djenan Ezzitoun sur lequel l'OPGI a construit des villas et des locaux commerciaux à l'insu de la population du quartier et contre l'avertissement des spécialistes quant à la stabilité du terrain. C'est évident que la valeur immobilière du bâti est beaucoup plus importante quand ce dernier est situé sur le territoire de la commune mère. A partir de là, les appétits s'aiguisent pour se mesurer au prix du mètre carré, et les réseaux se tissent autour des intérêts communs. Non pas ceux des enfants qui ont droit à l'aire de jeu, mais plutôt ceux des chasseurs du foncier.