Alger n'est finalement pas candidate pour accueillir le secrétariat de l'Union pour la Méditerranée (UPM). C'est bien de le savoir. Mais pas de la bouche de nos gouvernants, malheureusement. Ce « scoop » a été balancé hier par l'ambassadeur de France en Tunisie, Serge Degallaix, qui présentait les priorités de la présidence française de l'Union européenne. Le diplomate a expliqué que les « coprésidents » de l'UPM, la France et l'Egypte, tenteront de réunir un « consensus » lors de la session des ministres des Affaires étrangères de l'Euromed, prévue le 3 novembre prochain à Marseille. L'ambassadeur français a pris le soin de préciser que son pays a fait connaître sa préférence « pour un pays de la rive sud de la Méditerranée ». Le duel sera donc circonscrit à Rabat et Tunis puisque les autres villes candidates sont situées dans les pays de la rive nord. Barcelone, Bruxelles, la Valette et la candidate surprise, Marseille, joueront, en l'occurrence les outsiders conformément à l'esprit même de cette UPM, qui voudrait donner corps aux concepts de « copropriété et de coresponsabilité ». La lutte sera donc intermaghrébine, entre Marocains et Tunisiens, pour qui héritera du secrétariat de l'Union. Serge Degallaix a d'ailleurs évoqué les efforts de « la coprésidence » pour obtenir un « compromis » d'ici le 3 novembre. Consciente que l'Algérie verrait d'un mauvais œil que le Maroc obtienne le siège pour une raison évidente de leadership régional, mais aussi de la délicatesse des relations entre les deux voisins, la France devrait jeter son dévolu sur Tunis. Une solution qui lui offre le confort de ne pas se mettre à dos et le Maroc et l'Algérie. Or, curieusement, l'Algérie n'est finalement pas candidate à ce siège. L'ambassadeur de France en Tunisie a ébruité hier une information qui était dans l'air et dans les coulisses du sommet de Paris. A quoi donc rimait toute la polémique bien algérienne – par presse interposée – qui reprochait à Paris d'avoir offert le siège de l'UPM à Rabat et le secrétariat à Tunis, dès lors que l'Algérie s'est, tout compte fait, exclue d'elle-même ? De fait, le faux suspens de Bouteflika sur sa présence à Paris, pas plus que sa participation d'ailleurs, n'ont strictement rien à voir avec cette histoire de répartition de strapontins. Les enjeux sont ailleurs que dans les commentaires tirés par les cheveux de la presse, réduite à tirer des plans sur la comète, y compris durant le sommet de Paris. Le résultat est que personne n'a saisi vraiment les motivations du crochet parisien de Bouteflika. A moins que cela n'obéisse effectivement à une « équation stratégique interne à l'Algérie », comme l'a déclaré, juste après la grand- messe, le conseiller du président Sarkozy, Henry Guaino, le métronome de l'UPM. Eh oui, la présidentielle de 2009 en valait le détour…