L'Union pour la Méditerranée (UPM) sera officiellement lancée aujourd'hui. C'est avec difficulté que tous les chefs d'Etat, à l'exception notable du dirigeant libyen, des rives Nord et Sud de la Méditerranée ont été réunis autour d'un projet porté par le président français Nicolas Sarkozy. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, s'est rendu, hier, à Paris, pour prendre part à ce sommet fondateur du «processus de Barcelone». Cette conférence verra la participation de 43 chefs d'Etat et de gouvernement des pays euro-méditerranéens, ainsi que du président de la Commission de l'Union européenne, M. José Manuel Barroso, et du secrétaire général des Nations unies, M. Ban-Ki Moon. L'Union pour la Méditerranée, une démarche humble Le projet de l'Union pour la Méditerranée est né d'une promesse de campagne du candidat Nicolas Sarkozy, en mars 2007. Faisant le constat de l'échec du processus de Barcelone lancé en 1995, Nicolas Sarkozy propose une Union de la Méditerranée fondée sur des projets communs à 17 pays des rives Nord et Sud du pourtour méditerranéen. Il a fallu d'abord résoudre la question de ses membres européens. Ce qui avait été pensé par Nicolas Sarkozy comme une organisation réservée aux seuls pays du pourtour méditerranéen s'est transformée en une union aux frontières floues. Les oppositions fermes de l'Allemagne, qui souhaitait relancer le processus européen de Barcelone, Euromed, lancé en 1995, ont finalement eu raison du projet initial présenté par la France. Rebaptisé “Processus de Barcelone – Union pour la Méditerranée”, le projet rassemble désormais 43 pays, dont les 27 de l'Union européenne (UE). La France, qui assure la présidence de l'UE depuis le 1er juillet, a dû batailler ferme pour rassembler le plus de monde possible autour du projet. C'est ainsi que le président syrien, Bachar Al-Assad, signe son grand retour sur la scène internationale depuis 2005. Ce dernier se retrouvera face au Premier ministre israélien, Ehud Olmert. De même, la présence de la Turquie a longtemps paru une chimère. En effet, les Turcs craignaient que leur intégration dans l'UPM ne soit qu'un subterfuge pour les écarter de l'Union européenne. Mais la petite union limitée aux rivages de la Méditerranée s'est transformée en une “super union” comprenant 43 membres, dont les Vingt-Sept de l'Union européenne, dix pays du Sud et plusieurs pays des Balkans. Un ensemble rassemblant 765 millions de personnes, et s'étirant des rives du Groenland au sable de la Jordanie. L'UPM devrait se fixer des buts très concrets tels que la dépollution de la Méditerranée, les autoroutes de la mer, l'énergie solaire ou la sécurité. Elle se différencie ainsi clairement de l'union préexistante, l'Euromed ou “processus de Barcelone”, initiée en 1995. Malgré des résultats limités, les membres de l'UE ont pourtant catégoriquement refusé d'abandonner ce processus. Quel rôle pour la Commission européenne? Là encore, rien n'est décidé. Les doutes planent sur le rôle, de coordination ou de simple assistance, qu'aura Bruxelles. Ce qui est clair, c'est que l'instance se compose d'une direction bicéphale qui se met en place avec deux co-présidents : la France et l'Egypte. Aussi, un secrétariat général qui sera une véritable tour de contrôle du fonctionnement. Cependant, le siège de ce secrétariat reste inconnu. Pendant plusieurs mois, Tunis semblait tenir la corde. Aujourd'hui, c'est apparemment Barcelone la favorite. L'Algérie est candidate, tout comme l'Espagne, le Maroc, Malte et la Tunisie. Mais rien n'est tranché. Côté financement, on assure à l'Elysée, qu'il sera privé. La Caisse des dépôts française et la Cassa depositi e prestiti italienne vont, en effet, lancer un fonds, InfraMed, avec pour objectif d'atteindre un montant global de 600 millions d'euros. Les principaux défis de l'UPM La participation israélienne à l'UPM est un risque pour l'UPM en ce qu'une nouvelle guerre au Proche-Orient mettrait par terre bien des projets décidés en commun. Par ailleurs, l'Algérie a annoncé son refus de participer à des projets avec l'Etat hébreu. C'est là le principal point de blocage vu sous l'angle algérien. Mais c'est aussi du côté européen que les réserves sont fortes. Les Etats du nord de l'Europe, à commencer par l'Allemagne, risquent de traîner des pieds tout comme la Commission européenne pour financer des projets déjà à l'œuvre dans le moribond processus de Barcelone.