Le CNRA faisait office de parlement à l'époque de la Révolution. C'est lui qui communiquait les décisions au GPRA et désignait les responsables. Le CNRA était souverain et en son sein régnaient les pratiques démocratiques, la liberté d'expression et le sens des responsabilités. Si après l'indépendance on avait fait en sorte que cet acquis soit perpétué, on aurait épargné au pays tous les dérapages qu'on a vécus », a déclaré, hier, Daho Ould Kablia, président de l'Association nationale du Ministère de l'armement et des liaisons générales (MALG). Lors de l'allocution de clôture du colloque organisé par le MALG à l'Ecole de la protection civile de Dar El Beïda sous le thème « La logistique et la protection de la Révolution du 1er Novembre durant la lutte de Libération nationale », Ould Kablia précisera que « le MALG ne pouvait s'exprimer, car de 1962 à 1990, non seulement il n'y avait pas de liberté d'expression, mais parce que le dossier histoire a été mis dans un coffre-fort ». Il ajoutera, à ce sujet, que « les responsables de l'époque se sont contentés de parler des grandes batailles avec la France sous la forme d'un mythe et d'élucubrations ». Sur sa lancée, Ould Kablia notera que « depuis l'indépendance jusqu'à aujourd'hui, aucun membre du MALG n'a été coupable d'un vol, de troubles ou d'agissements contraires à l'Etat ». Une précision qui tient lieu de comparaison avec le comportement de certains moudjahidine, particulièrement ceux de (ONM). Lors de son 10e congrès qui s'est tenu tout récemment, celle-ci n'a pas daigné inviter des membres du MALG. En tout cas, indiquera Ould Kablia, chaque mois, une ville du pays abritera une conférence qui sera animée par des responsables du MALG que dirigea Abdelhafid Boussouf. Celui-ci, connu sous le nom de guerre Si Mabrouk, s'est retiré de toute activité officielle après l'indépendance jusqu'à sa mort le 31 décembre 1980. Sur le parcours de cet « homme exceptionnel », de l'avis de tous ceux qui l'ont côtoyé, le colonel Hocine Senoussi révélera qu'en 1961 l'état-major de l'ALN avait reproché à Boussouf de ne pas faire assez pour la fourniture d'armement et de munitions. Senoussi ajoutera que « prenant ses responsabilités, le chef du MALG fera le nécessaire, mais il me confiera que les responsables de l'état-major manquent de réflexion et d'innovation ». Pour cela, « Boussouf n'hésitera pas à dresser des bulletins de renseignements quotidiens sur les gens de l'état-major », dira Senoussi. De l'avis de celui-ci, « seule l'histoire jugera de cet épisode, mais il est sûr que l'état-major a tenu rigueur et même de la rancune envers Boussouf ». Il ajoutera également que « la force de la Révolution était qu'elle était dotée d'un seul et unique service de renseignements ». Un service, poursuivra Ould Kablia, que « la France n'a jamais réussi à pénétrer » et que « le Mossad lui-même avait avoué que c'était un des services les plus hermétiques ». Le MALG, en tant que structure de renseignements, de transmission et d'autres missions, « avait réussi à se procurer un PV d'un conseil des ministres du temps du président de Gaulle », confiera Ould Kablia. Un exemple qu'il citera pour signaler que contrairement aux pratiques connues, le MALG n'a jamais acheté des renseignements. Mieux, ajoutera Ould Kablia, « le MALG a été le seul service qui a pu avoir l'identité du colonel Mercier, connu comme tête chercheuse pour traquer les membres du FLN ».