C'est face à une salle archi comble et à un public très accueillant que le Métèque a fait son entrée sur scène, mercredi dernier. En hommage à une divinité brésilienne, ses quatre musiciens étaient tous de blanc vêtus, tout comme le monstre sacré qui est arrivé comme une douce brise printanière, chargée de poésie. Pour Georges Moustaki, Alger n'était pas une simple date parmi d'autres dans sa tournée. Et il le prouvera pendant deux bonnes heures, durant lesquelles il entretient un rapport quasi intime avec un public qui le lui rend très bien. Résultat : un merveilleux voyage à travers le temps et la planète. Mais aussi à travers la poésie. Et comme il le dit si bien : « La poésie devient chanson quand elle colle à la vie. Lorsqu'elle se fait miroir des idées, des préoccupations du moment. » C'est ainsi qu'il chantera l'amour, la liberté, la solitude, la Méditerranée... dans un souffle débordant de tendresse. Il commencera par des chansons assez récentes où la douce musique s'emballe avec les mots, comme en amour. Et comme en amour, les mots se veulent caressants, remuants. Ambiance charnelle. Souffle exalté. Atmosphère romantique. Il commencera par chanter quelques-uns de ses morceaux, connus pour les uns, nouveaux pour les autres : Promenade, Ma liberté, Grand-père, Le Temps de vivre, Le Facteur, Josephe, Ma Solitude... et Bahia, une superbe chanson brésilienne. En Méditerranée où il chante un passage en arabe, Boucles d'oreilles, une autre chanson très jazz, cette fois-ci dédiée aux femmes frivoles, maladroites et distraites... Le public est ravi. Des voix s'élèvent parfois pour accompagner le poète en chœur : symbiose, tendres sourires. Moustaki est heureux, les Méditerranéens, c'est aussi une part de lui-même. Et comme on ne cesse de réclamer certains titres, les musiciens se retirent discrètement pour laisser le chanteur et son public en toute intimité. Moustaki propose « quelques vieux machins ». Dont Le Métèque, qu'il n'arrive pas à chanter seul. Le spectacle sera sobre. Sans trop de lumière, juste ce qu'il fallait pour garder cette ambiance intime, ce contact magique entre un public complice et la douce poésie d'un Moustaki rajeunissant de plusieurs décennies. Car pour lui, la vieillesse, « c'est perdre des choses importantes mais aussi le privilège de continuer à en accumuler ». Les moments forts : sa voix exceptionnelle, son visage qui se fige dans le temps et dans l'espace, sa poésie qui sait parler le langage de l'émotion. On dit que Moustaki aime les publics attentifs et communicatifs. C'est sans doute ce qu'il avait face à lui, mercredi dernier : un public aimant et suspendu à ses mots, qu'il a généreusement choyé durant deux longues heures. Et la foule n'a eu aucun mal à lui offrir une longue et profonde ovation, un remerciement pour une heureuse soirée, inoubliable récital, magnifique étreinte, tendre complicité...