Moustaki, donnant à voir les multiples facettes de son talent, a fait vibrer la salle Ibn Khaldoun . Les soirées de mercredi et de jeudi ont été une véritable bénédiction pour les chanceux, qui ont eu l'occasion d'apprécier l'un des meilleurs interprètes, et compositeurs de la chanson française, Georges Moustaki. Cet éminent artiste a réussi tout simplement à faire vibrer la salle Ibn Khaldoun. Ce concert événement a apparemment incité les deux générations, l'ancienne et la nouvelle, à fusionner pour partager ces moments inoubliables, magiques, et qui, désormais, resteront gravés dans la mémoire des mélomanes venus en foule. Bien avant le début du concert, la salle affichait déjà complet. Malgré leurs prix élevés, les tickets étaient vendus comme des petits pains. Cependant, rien ne semble arrêter ses fans venus voir leur idole. Quand l'artiste fit enfin son entrée sur scène, tout le monde s'est mis debout pour exprimer hommage et respect à cette icône de la chanson française. Un accueil magistral et chaleureux lui a été ainsi réservé. Sur les visages des spectateurs, une seule expression se lisait. Notre idole est enfin devant nous. Moustaki est là sur scène! Qui pouvait y croire, lui qui n'a pas revu l'Algérie depuis plus de deux décennies ! Il paraissait très touché et très ému de retrouver son public qui n'a cessé de l'applaudir. Tout de blanc vêtu, des cheveux gris en bataille, une barbe blanche...un look qui le singularise. Mais, lorsqu'il s'est mis à chanter, le décor change du tout au tout et le public oublie sa manière de s'habiller pour se concentrer sur les chants d'un artiste tout habité par son art et un esprit professionnel de premier ordre, y joignant sensibilité et sincérité. Il entama son concert avec des tubes que tous les amateurs connaissent par coeur comme: Ma liberté, Le temps de vivre, Pendant que dort, Le facteur, Ma solitude, et, bien sûr, son inoubliable chef-d'oeuvre le Métèque sont autant de chansons que l'artiste a magistralement interprétées devant ses fans, passant d'une chanson rythmée à l'autre nostalgique. Le chanteur a chanté ses anciens tubes mais aussi des extraits de son dernier album. Cependant, le meilleur cadeau qu'il a fait à ses fans est celui d'avoir interprété en exclusivité pour le public algérois des thèmes de son prochain album. Qui n'a pas succombé au charme de ce poète? Les spectateurs étaient debout. C'était la communion, tout le monde chantait accompagnant le maestro, certains enthousiasmés allant jusqu'à esquisser quelques pas de danse. Moustaki a aussi rendu hommage aux villes qu'il a survolées, ou qui ont marqué son aventure musicale, comme au Brésil ou en Egypte. Avec toutefois un respect appuyé aux pays du Bassin méditerranéen, qui a été le berceau de sa formation artistique et lieu de son inspiration lui donnant de puiser dans les sons et rythmes venus des profondeurs d'un monde séculaire. Il a rendu hommage aussi à ses grands artistes et amis comme Piaf qu'il a connue en 1958 grâce au guitariste Henri Crolla qui les a présentés, et avec laquelle il a noué une grande relation d'amitié. D'ailleurs Moustaki a écrit pour elle nombre de chansons parmi lesquelles celle qui l'a définitivement imposée au public parisien «Milord». Il n'a pas manqué par ailleurs, de rendre aussi un hommage à ses amis tels que Serge Reggiani, disparu récemment, pour lequel, il a aussi écrit quelques balades. Il a également honoré le grand maître de la chanson française Georges Brassens en interprétant l'une de ses plus belles chansons La Fille de Sarah. Aussi, il n'a pas manqué de faire un petit clin d'oeil à ses origines en chantant des couplets en grec et en arabe. On peut bien dire que Moustaki a su explorer ses racines pour trouver matière à ses chansons. La venue de Georges Moustaki est la résultante du travail qu'effectue actuellement l'établissement Arts et Culture pour réhabiliter l'art et la culture. Une initiative à saluer et qui gagnerait à être reproduite plus souvent.