Des milliers de personnes ont manifesté vendredi à travers la Syrie pour dénoncer l'"inaction" des pays arabes face à la répression sanglante de la contestation, au lendemain d'un sommet arabe qui s'est contenté d'appeler le régime et l'opposition au dialogue. Vendredi, au moins 25 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées dans des violences à travers le pays. Les manifestations se sont déroulées notamment à Damas et en banlieue, à Alep (nord), Deir Ezzor (est), Idleb (nord-ouest), Hama (centre) et Deraa (sud), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme et des militants (OSDH). "Arabes, cessez de nous ignorer, le peuple syrien veut vivre en paix", lit-on sur des pancartes brandies par des manifestants dans la province de Deraa, berceau de la contestation contre le régime de Bachar al-Assad. "Le lâchage des Arabes et le silence des musulmans sont les choses les plus difficiles auxquelles font face les Syriens", lit-on sur une pancarte brandie à Kafaroma, dans la province d'Idleb, théâtre des plus violentes opérations de l'armée qui tente d'écraser la rébellion. "Nous résisterons jusqu'à la dernière goutte de sang", ont écrit d'autres manifestants sur des pancartes à Erbine, près de Damas, selon une vidéo de militants. "Les musulmans et les Arabes nous ont lâchés (...) mais Dieu est avec nous (...) et notre détermination nous apportera la victoire", lit-on sur la page The Syrian Revolution 2011 qui a appelé les Syriens, comme chaque vendredi depuis un an, à manifester contre le régime. Les dirigeants arabes, réunis jeudi à Bagdad, ont évité d'appeler M. Assad au départ et d'apporter leur soutien à l'armement des rebelles, alors qu'ils avaient dans le passé soumis à l'ONU un plan prévoyant le transfert des fonctions du chef de l'Etat à son vice-président. La Syrie est en proie depuis mars 2011 à une révolte sans précédent contre le régime de Bachar al-Assad qui la réprime dans le sang. La contestation se militarise avec des affrontements de plus en plus fréquents et meurtriers entre déserteurs et armée. Au moins 24 civils, et un soldat près de Damas, ont été tués vendredi dans la répression, les combats et les bombardements qui ont visé notamment des quartiers de Homs, troisième ville de Syrie où l'armée veut écraser les poches de résistance. Cinq civils, dont une femme et un adolescent de 12 ans, ont été tués par des roquettes et des tirs dans cette ville et deux autres ont péri dans des tirs en province. A Deir Ezzor, sept civils ont été tués dans des combats lorsque la police a dispersé une manifestation en ville. A Alep, un manifestant a été tué par les forces de sécurité dans cette deuxième ville du pays où les participants aux rassemblements ont scandé "la mort plutôt que l'humiliation" ou encore "Assad est l'ennemi de Dieu". Un autre civil a été tué en province par des tirs sur un bus. Dans la province de Deraa, cinq civils ont été tués par des tirs des forces de sécurité de même qu'un civil dans le quartier de Kafar Soussé à Damas. A Hama, un civil a été tué par les éclats d'une roquette et à Maaret al-Noomane, dans la province d'Idleb, un civil a été abattu par un tireur embusqué. Les violences ont fait près de 10.000 morts, en majorité des civils, depuis le début de la contestation le 15 mars 2011 selon l'OSDH.