Les élections législatives du 10 mai prochain en Algérie sont une "insulte", a estimé lundi le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), un parti d'opposition qui a appelé au boycott et qui prédit un taux de participation ne dépassant pas les 17%. Selon Atmane Mazouz, chef du groupe parlementaire du RCD, qui a suspendu son activité parlementaire en février 2011, la majorité des Algériens vont boycotter le scrutin. "La démarche, qui ne vise rien d'autre que le maintien du statu quo et la remise en selle d'un pouvoir illégitime (...), est une insulte au malheur qui accable le peuple algérien" a-t-il déclaré. "L'institution législative a souvent spolié les Algériens de leurs droits les plus élémentaires", selon M. Mazouz, ce qui a, selon lui, poussé les citoyens à se désintéresser des échéances électorales. Selon Arezki Aider, un juriste du RCD, la participation ne devrait pas "dépasser les 13, 14% (...) peut-être 16, 17 maximum". En 2007, seuls 35,7% des électeurs avaient voté. Samedi, Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du Front de Libération nationale (FLN), le parti présidentiel, avait déclaré qu'il serait satisfait d'une participation de 45%. Ce scrutin est organisé dans la lancée de réformes mises en oeuvre par le président Abdelaziz Bouteflika après les émeutes et les mouvements sociaux qui se sont déroulés l'an dernier lors du Printemps arabe. Le RCD, qui a siégé au parlement de mai 2007 à février 2011, a dénoncé ces réformes auxquelles il ne reconnaît aucune légitimité car, selon lui, elles ont été approuvées par un parlement né de la fraude. "La société a très bien compris que le changement doit être global, et que le processus électoral ne peut pas régler leurs problèmes, et ne peut que les retarder", a estimé Fodil Boumala, universitaire et activiste. Pour Hakim Saheb, autre juriste du RCD, certains "signes ne trompent pas, c'est un régime finissant (...). Il y a une aspiration citoyenne très forte à plus de changement, à la démocratie et à plus de justice sociale". Le parlement sortant est dominé par le FLN (136 sièges), le Rassemblement national pour la démocratie (RND- 62 sièges) du Premier ministre Ahmed Ouyahia et le Mouvement pour la société et la paix (MSP, islamiste- 51 sièges).