La lutte contre le blanchiment d'argent ne peut être menée de manière efficace qu'une fois l'utilisation du chèque "régularisée" et imposée à "tout le monde", a affirmé samedi à Alger le président de la Chambre nationale des commissaires aux comptes Cherif Bourenane. Interrogé par l'agence APS sur le rôle des commissaires aux comptes dans la lutte contre le blanchiment d'argent, en marge des premières assises sur cette profession, M. Bourenane a répondu: "en l'absence d'une utilisation généralisée du chèque -pourtant prévue par la loi- nous n'avons pas tous les moyens nécessaires pour lutter contre ce phénomène même si nous pouvons, à travers nos vérifications, détecter ce fléau", a-t-il déploré. Pour M. Bourenane, l'argent qui passe par le réseau informel est en fait "incontrôlable". "Maintenant que l'Algérie a retrouvé sa stabilité sécuritaire, il faudrait que l'économie nationale soit conforme aux normes dont la généralisation de l'utilisation du chèque", a-t-il expliqué. "Nous sommes en train de lutter pour que l'économie algérienne soit conforme aux normes internationales et ça ne peut se faire qu'à travers la mise en place de moyens modernes de paiement, comme la carte de crédit et le chèque, car c'est le moyen le plus simple pour pouvoir définir la traçabilité de toutes les transactions commerciales", a soutenu le président de la chambre qui compte 1.200 commissaires aux comptes adhérents. Les transactions financières égales ou supérieures à 500.000 dinars (5.000 euros au taux officiel) devaient à partir du 1er avril 2011 être réglées uniquement par virement ou chèque bancaire, mais l'entrée en vigueur de ces dispositions prises en juillet 2010 par le gouvernement d'Ahmed Ouyahia avait été reportée par crainte de nouvelles émeutes, comme en janvier 2011. Ces émeutes, qui ont fait cinq morts et 800 blessés, avaient été déclenchées après une augmentation brutale des denrées de base, ce qui avait fait dire à nombre d'économistes que l'entrée en vigueur prévue du chèque y était pour beaucoup. Le secteur informel très actif dans cette branche se serait retrouvé à devoir payer la TVA. Les autorités avaient également par la suite, face à de nombreux mouvements sociaux, augmenté les salaires du secteur public ainsi que le Smic et les retraites.