La moudjahida Louisa Ighil Ahriz a salué les réalisations accomplies par l'Algérie durant 50 ans d'indépendance dans les domaines économique, politique et social, rappelant que le pays a connu à l'aube de l'indépendance "une étape difficile" qui a requis la conjugaison des efforts en faveur du développement. Dans une interview accordée à l'APS à la veille de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance nationale, Mme Ighil Ahriz a précisé que le colonialisme français a laissé derrière lui "un Etat sans ressources et en proie à la pauvreté, à la misère et à l'ignorance", rappelant qu'en 1962 le taux d'analphabétisme en Algérie dépassait 90 pc. La femme algérienne qui a été parmi les premiers à adopter la révolution algérienne dès son déclenchement, a joué un rôle important dans le processus d'édification tout au long de 50 ans d'indépendance, a indiqué Mme Ighil Ahriz. Après l'indépendance, elle a prouvé une fois encore son efficacité à travers une contribution de qualité dans tous les domaines y compris le champ politique, en assumant de hautes fonctions dans l'Etat, a-t-elle ajouté. Elle a estimé que ce développement reflétait le degré de maturité de la femme algérienne parallèlement aux réalisations accomplies par l'Algérie durant 50 années d'indépendance, notamment en matière d'éducation avec, actuellement plus de 8 millions de scolarisés. Elle a décidé de sortir de son silence pour dénoncer les crimes et actes de torture dont elle a été victime elle et un grand nombre de ses compatriotes algériennes. Elle est plus que jamais déterminée à adhérer à cette démarche visant à poursuivre les généraux de l'armée française pour les crimes et les tortures pratiqués contre le peuple algérien durant la révolution. La moudjahida a souligné que l'affaire de sa torture sera soumise au TPI eu égard à la gravité des actes de violence dont elle a fait l'objet. "Le but du colonialisme était bien clair : commettre des crimes et soumettre les moudjahidine aux pires sévices dans les prisons et camps de concentration, ce qui témoigne de l'atrocité de la France coloniale", a indiqué Mme Ighil Ahriz. Elle a dans ce sens exprimé le souhait de voir le nouveau Parlement adopter le projet de loi sur la criminalisation du colonialisme français. Cette mesure constituera, a-t-elle dit, un pas important vers la revendication des droits des Algériens, bafoués durant l'époque coloniale. "Il est inconcevable de mettre le bourreau et la victime sur le même pied d'égalité", s'indigne la moudjahida en référence à la campagne lancée récemment par certaines parties françaises visant à discréditer la guerre de libération et occulter par conséquent les crimes coloniaux perpétrés en Algérie. "Comment les autorités françaises peuvent-elles reconnaître et condamner fermement les crimes commis par les autres alors qu'elles s'acharnent à nier les crimes qu'elles ont commis en Algérie ?", s'est-elle interrogée. La célébration du 50e anniversaire de l'indépendance nationale coïncide, a-t-elle indiqué, avec une tentative de vente honteuse d'outils de torture du bourreau Meissonnier qui s'ajoutent à d'autres traitements inhumains. Qualifiant cette tentative de "provocation", Mme Ighil Ahriz a fait savoir que le but de cette entreprise scandaleuse était de "glorifier le colonialisme au moment où nous attendions de la France, a-t-elle dit, qu'elle reconnaisse ses crimes après 50 ans d'indépendance". A une question sur le rôle de la femme algérienne durant la révolution, l'ancienne combattante a indiqué qu'il n'y avait aucune distinction entre les moudjahidine et les moudjahidate durant la révolution. "Tout le monde oeuvrait pour le même objectif qui était le recouvrement de l'indépendance", a-t-elle souligné. Certaines moudjahidate avaient rencontré des difficultés au début de leur parcours militant en raison des traditions des familles algériennes conservatrices. Cependant, leur foi en la justesse de la cause algérienne était plus forte que les us et les traditions ancestrales. S'agissant de la réaction de la moudjahida au moment de la proclamation de l'indépendance de l'Algérie, Mme Ighil Ahriz a confié qu'elle ne pensait pas vivre ce grand jour tant attendu par les Algériens. "En dépit de ces grands moments de joie, les images de mes compagnons tombés au champ d'honneur me sont venus à l'esprit", a-t-elle indiqué. L'occupant n'a pas réussi à étouffer la révolution en dépit des moyens de torture utilisés pour arriver à cette fin. Tout le peuple algérien était engagé corps et âme pour la cause algérienne et l'indépendance de l'Algérie, a souligné Mme Ighil Ahriz.