Des Maliens en colère contre les exactions de groupes armés, surtout islamistes, qui contrôlent le nord de leur pays depuis trois mois, ont manifesté mercredi à Bamako en réclamant des armes pour "libérer" cette région où des sites historiques et religieux viennent d'être détruits. "Si l'armée ne veut pas faire la guerre, qu'on nous donne les moyens de libérer nos terres!", a lancé Oumar Maïga, un responsable des jeunes du Collectif des ressortissants du Nord (Coren), à l'origine d'un sit-in qui a regroupé sous la pluie environ 2.000 personnes autour du monument de l'Indépendance, dans le centre-ville de Bamako. Le Mali est plongé dans la crise depuis un coup d'Etat qui a renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré, accusé par les putschistes d'incurie face à des attaques contre l'armée lancées mi-janvier dans le nord par divers groupes armés. Le putsch a accéléré la chute du nord aux mains de ces groupes, comprenant la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), et des islamistes puissamment armés: Ansar Dine (Défenseur de l'islam), Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Les autorités de transition mises en place après le retrait des putschistes n'ont pu mettre fin à l'occupation des trois régions administratives formant le nord: Kidal, Gao et Tombouctou. Les islamistes ont renforcé leur emprise sur le terrain en mettant en déroute leur ex-allié du MNLA: la rébellion touareg a été boutée hors de Gao (nord-est) le 27 juin après de violents combats avec le Mujao qui ont fait au moins 35 morts, puis contrainte de se retirer de Tombouctou le lendemain sur ordre d'Ansar Dine, selon plusieurs témoins. Ces derniers jours, des hommes d'Ansar Dine ont choqué au Mali et dans le monde en démolissant sept des seize mausolées de saints musulmans de Tombouctou (nord-ouest), ainsi qu'une porte inviolable d'une des trois mosquées historiques de cette ville classée comme patrimoine mondial en péril par l'Unesco le 28 juin.