Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est dit "profondément préoccupé" lundi par la crise humanitaire en Corée du Nord, qui s'est accentuée après les inondations et les glissements de terrains causés par des pluies torrentielles en juillet. Les inondations ont fait 169 morts, 400 disparus et 212.200 déplacés, dévastant 650 km2 de terres cultivées dans un pays déjà en proie aux pénuries alimentaires, selon des chiffres fournis par les médias officiels à Pyongyang. "L'ONU est profondément préoccupée par la situation humanitaire au Nord", a déclaré Ban Ki-moon à la presse lors d'une visite en Corée du Sud. "Nous sommes particulièrement attentifs aux problèmes de santé des jeunes enfants et aux dégâts causés par les sécheresses et les inondations récentes", a dit l'ancien ministre sud-coréen des Affaires étrangères. Les services des Nations unies concernés ont offert "l'aide nécessaire et prévoient de l'augmenter", a-t-il ajouté, sans plus de précisions. Des équipes de l'ONU et de la Croix-Rouge se sont rendues cet été dans les provinces affectées du Pyongan du Nord et du Sud dans l'ouest du pays pour évaluer les dégâts, faisant état d'un besoin urgent d'eau potable, de nourriture et de médicaments. La Corée du Nord, qui a connu la famine dans les années 1990 lors de laquelle des centaines de milliers de personnes auraient péri, souffre toujours de pénuries alimentaires chroniques et une déforestation sauvage a laissé ses terres vulnérables aux inondations. Les Nations unies estimaient en novembre dernier que trois millions de Nord-Coréens, sur une population de 24 millions, avaient besoin d'une aide alimentaire d'urgence. L'économie du pays est en lambeaux après des décennies de mesures dirigistes et incohérentes, avec le gros des richesses de l'Etat allouées à l'armée et au programme nucléaire, lequel vaut à Pyongyang une longue série de sanctions votées par le Conseil de sécurité des Nations unies. Faute de stocks, Pyongyang avait réduit les rations alimentaires à 150 grammes par jour par personne dans certains endroits du pays l'an dernier à la suite de la sécheresse qui avait fortement réduit les récoltes, selon une ONG suisse. Pyongyang aurait tout récemment lancé une série de réformes destinées à relancer son économie. Outre un relatif assouplissement du contrôle de l'Etat dans la marche des entreprises, le régime permettrait aux agriculteurs de garder 30% de leurs récoltes. Dans son premier discours public, en avril, le nouveau dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un déclarait qu'il était "fermement décidé" à améliorer la vie des 24 millions d'habitants, afin qu'"ils n'aient plus jamais à se serrer la ceinture". En février, les Etats-Unis avaient proposé 240.000 tonnes de denrées alimentaires à la Corée du Nord, en échange d'un moratoire sur son programme nucléaire et balistique. Mais Washington a retiré son offre après le lancement d'une fusée par Pyongyang en avril, qui s'apparentait, selon les pays occidentaux, à un essai déguisé de tir de missile. Ban Ki-moon avait prévenu la Corée du Nord que ce tir pourrait décourager l'aide humanitaire internationale. "Un tel acte ébranlerait les récents progrès diplomatiques et, par ses effets sur les donneurs internationaux, pourrait aggraver la situation humanitaire à l'intérieur du pays", avait-il averti. M. Ban a affirmé lundi oeuvrer pour "apaiser les tensions sur la péninsule (coréenne) et assurer la réconciliation" entre le Sud capitaliste et le Nord communiste, dirigé d'une main de fer depuis 1948 par la famille Kim.