Le successeur de Kofi Annan à la tête du secrétariat général des Nations unies est désormais connu. Il s'agit de l'ancien ministre sud-coréen des Affaires étrangères, Ban Ki-moon formellement désigné hier par le Conseil de sécurité. Il accédera dès le 1er janvier 2007 au poste diplomatique le plus prestigieux du monde, à savoir celui de secrétaire général de l'ONU. Unique candidat, Ban Ki-moon devrait être sans surprise élu ou acclamé au Conseil de sécurité pour un mandat de cinq ans, a précisé hier l'ambassadeur du Japon, Kenzo Oshima, actuel président du conseil, au sortir de la réunion. Agé de 62 ans, Ban Ki-moon succédera au Ghanéen Kofi Annan, 68 ans, qui devrait quitter son poste fin décembre après deux mandats de cinq ans. Ban Ki-moon qui présidera aux destinées de la « diplomatie mondiale » aura sans doute du pain sur la planche. Mais il semble en avoir les moyens lui, le diplomate de carrière, connu et reconnu pour son « talent de faiseur de compromis ». Une qualité si indispensable dans un poste où il aura à gérer les contradictions, les coups de force, l'injustice et même les guerres entre nations. M. Ban s'était déclaré, à juste titre, « ravi » mais également « accablé par la responsabilité » au lendemain de son succès dans le dernier vote blanc. Mais le poids de sa mission ne semble pas faire peur à un homme qui a déclaré hier être « prêt à se rendre à Pyongyang afin de dénouer la crise née de l'essai nucléaire de ses voisins du Nord ». Cette bombe atomique sur les bras sera d'ailleurs le principal cadeau empoisonné que lui léguera Kofi Annan. Ban Ki-moon aura fort à faire pour désamorcer une crise nucléaire internationale marquée par le va-t-en guerre de Pyongyang et l'attachement de Téhéran à son droit de maîtriser la technologie nucléaire à des fins pacifiques. Un droit que leur dénient les grandes puissances occidentales qui veulent maintenir leur monopole technologique et bien sûr leur suprématie militaire sur les pays dits du Tiers-Monde. Pour ce faire, ces puissances nucléaires n'hésitent pas à agiter les instruments des Nations unies pour faire plier les récalcitrants. Et ils font jouer à l'ONU un rôle de gendarme qui pratique invariablement la politique de deux poids deux mesures, voire celle de la carotte et du bâton, selon qu'il soit un pays allié (Israël) ou ennemi (Iran). Il est intéressant de voir si Ban Ki-moon pourrait s'extraire de l'emprise étouffante de ces pays, notamment les Etats-Unis. Signalons, enfin, cette incroyable coïncidence, puisque Ban Ki-moon, le Sud-Coréen, a été désigné (hier) le jour même où ses voisins, les Nords-Coréens, font exploser une bombe atomique. La journée d'hier marque également le 61e anniversaire de la division temporaire de la péninsule coréenne lors de la Seconde Guerre mondiale. Simple hasard de calendrier ou calcul savant des USA ? L'ambassadeur de ce pays à l'ONU, John Bolton, n'a pas raté l'occasion hier à New York d'ironiser sur la « différence de progrès entre les deux Corée ». Eh oui, Washington et Séoul ont toujours regardé dans la même direction…