Un ministre syrien a annoncé mardi pour la première fois que le régime était prêt à discuter d'un départ du président Bachar al-Assad dans le cadre de négociations avec l'opposition en vue de régler le conflit ensanglantant la Syrie depuis plus de 17 mois. Cette annonce surprise, faite à Moscou par le vice-Premier ministre et ministre du Commerce syrien Qadri Jamil, est intervenue alors que les combats font rage dans le pays, surtout dans la ville stratégique d'Alep (nord) où soldats et rebelles ont chacun affirmé avoir gagné du terrain. "Pendant le processus de négociations, rien n'empêche d'étudier toutes les questions et nous sommes prêts à examiner même cette question", a dit M. Qadri, interrogé sur un départ du pouvoir de M. Assad lors d'une conférence de presse organisée après un entretien avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Il a toutefois estimé que poser "la démission (de M. Assad) comme condition pour ouvrir un dialogue signifie qu'il est impossible d'ouvrir le dialogue". L'opposition exclut tout dialogue avant le départ du pouvoir de M. Assad, dont la famille gouverne le Syrie depuis plus de quatre décennies. En réaction, les Etats-Unis ont exprimé leur scepticisme. "Nous avons vu les informations sur cette conférence de presse du vice-Premier ministre syrien. Franchement, nous n'y avons rien vu de terriblement nouveau", a commenté le département d'Etat. Selon des sources politiques à Damas, M. Jamil s'est rendu à Moscou pour discuter d'un projet d'organiser une élection présidentielle anticipée avec la participation de tous les candidats qui le souhaitent, y compris Bachar al-Assad, sous une supervision internationale. Mais les Etats-Unis, les Européens et plusieurs pays arabes refusent une candidature de M. Assad au scrutin prévu normalement en 2014, selon ces sources. M. Lavrov, dont le pays soutient le régime syrien, a rejeté toute ingérence extérieure en Syrie tout en jugeant insuffisants les efforts du pouvoir pour mettre fin aux violences qui ont encore fait mardi 128 morts, dont 81 civils, selon une ONG syrienne.