Le parquet au Koweït a ordonné vendredi la mise en détention de trois ex-députés de l'opposition pour trois jours et pourrait annoncer de nouvelles arrestations, envenimant la crise politique dans ce riche émirat pétrolier du Golfe. Cette décision est intervenue avant l'aube, après neuf heures d'interrogatoire de Falah al-Sawwagh, Bader al-Dahoum et Khaled al-Tahous, accusés d'avoir critiqué l'émir cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, selon l'avocat de la défense Mohammed al-Joumaih. En signe de solidarité, des centaines de partisans de l'opposition menée par les islamistes et les nationalistes, se sont rassemblés devant le Palais de justice de Koweït. Le procureur général a en outre prolongé de 72 heures la détention de quatre militants de l'opposition arrêtés après des heurts le 10 octobre entre la police anti-émeutes et des manifestants dénonçant les tentatives du gouvernement d'amender la loi électorale. Les trois anciens députés et d'autres intervenants s'étaient alors directement adressés à l'émir, le mettant en garde contre les conséquences négatives d'un tel amendement qui pourrait plonger le pays dans le chaos. En vertu de la Constitution, il est interdit de critiquer l'émir. Selon des médias locaux et des militants, de nouvelles arrestations pourraient intervenir parmi les anciens parlementaires notamment celle de Moussallam al-Barrak, un influent leader de l'opposition. "La mise en détention des ex-députés n'est pas une décision raisonnable. (...) Cela ne fera qu'alimenter les tensions et provoquer de nouvelles protestations", a mis en garde sur Twitter l'ancien parlementaire islamiste Mohammed Hayef. Walid al-Tabtabai, lui aussi un ancien député, a critiqué la politique gouvernementale de répression de l'opposition, qualifiant les propos tenus lors des manifestations de "critiques autorisées visant à des réformes". Le Koweït s'apprête à organiser des élections législatives anticipées, les deuxièmes cette année et les cinquièmes depuis 2006, après la dissolution le 7 octobre du Parlement par l'émir. Membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, le Koweït, première monarchie du Golfe à s'être doté d'un Parlement élu en 1962, connaît des crises politiques à répétition attribuées aux luttes de pouvoir au sein de la dynastie Al-Sabah qui y règne depuis plus de 250 ans.