Le chef salafiste Abou Iyadh, en fuite depuis l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis à Tunis mi-septembre, a appelé mardi, après un mois de silence, les Tunisiens à s'unir pour protéger leur pays des mécréants, accusant le pouvoir d'être soumis aux "puissances étrangères". "Peuple, tu commences aujourd'hui à sentir, à toucher la réalité des courants laïcs, soumis à la volonté de puissances étrangères qui veulent te contraindre à l'apostasie", a déclaré dans une vidéo diffusée sur internet, Seif Allah Ibn Hussein, alias Abou Iyadh, chef du groupe "Ansar al-charia" (Partisans de la loi islamique). La Tunisie est dirigée depuis un an environ par une coalition dominée par les islamistes d'Ennahda et deux partis laïcs de centre-gauche. Abou Iyadh s'est aussi adressé au gouvernement pour dénoncer les arrestations de militants salafistes à la suite de l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis le 14 septembre, qui a fait quatre morts et des dizaines de blessés et qu'il est accusé d'avoir orchestré. "Sortez nos jeunes de prison pour qu'ils puissent passer l'aïd (vendredi) avec leurs familles", a-t-il dit, déplorant la volonté du gouvernement d'appliquer la législation "anti-terroriste" contre ces militants. "J'espère que Dieu fera subir (au ministre de l'Intérieur Ali Larayedh, ndlr) ces mêmes lois", a déclaré Abou Iyadh. Cette première déclaration du leader salafiste depuis plus d'un mois intervient le jour où la Tunisie célèbre le premier anniversaire de ses premières élections libres. Ansar al-Charia ne reconnaît pas le processus électoral. Emprisonné sous le régime déchu du président Ben Ali, Abou Iyadh a été libéré à la faveur de l'amnistie décrétée après la révolution, et il est devenu la figure de proue de la mouvance jihadiste tunisienne. Au début des années 2000, il avait rejoint les talibans en Afghanistan et il aurait participé à l'organisation de l'attentat qui a tué le 9 septembre 2001 le chef de la résistance afghane, le commandant Massoud.