Le Premier ministre libyen Ali Zeidan a proposé mardi à l'Assemblée nationale un gouvernement élargi d'une trentaine de ministres, bénéficiant de l'appui des partis des libéraux et des islamistes qui y sont représentés. Les ministères régaliens ont été confiés à des indépendants, selon M. Zeidan qui s'exprimait devant les 200 membres du du Congrès général national (CGN). "J'ai décidé de nommer des indépendants à la tête des ministères de souveraineté: les Affaires étrangères, la Coopération internationale, les Finances, la Justice, l'Intérieur et la Défense", a-t-il déclaré. Ainsi, deux officiers expérimentés de la ville de Benghazi (est) ont été proposés respectivement pour l'Intérieur et la Défense. Au ministère de l'Intérieur, M. Zeidan a nommé Achour Chwayel, 58 ans, un docteur en droit qui a travaillé dans la police durant 35 ans. Le portefeuille de la Défense a été attribué à Mohamed al-Barghathi, 71 ans, un pilote de guerre en retraite depuis 1994 et qui a été parmi les premiers officiers à rejoindre la rébellion dès le déclenchement de l'insurrection en février 2011 à Benghazi. Le ministère des Affaires étrangères a été confié à l'ambassadeur de Libye aux Etats-Unis, Ali al-Oujli, 65 ans, un diplomate qui a 45 ans de carrière. Abdelbari Al-Aroussi, un docteur en environnement, de la ville de Zawiyah, a été proposé au ministère stratégique du Pétrole. M. Zeidan a proposé par ailleurs de créer un nouveau ministère du Tourisme, une première dans ce pays ultra-conservateur, avec à sa tête une femme, Ikram Bach Imam. Le CGN doit discuter mardi de la composition du gouvernement avant de voter pour ou contre. S'il est accepté, le futur gouvernement doit remplacer celui du Premier ministre sortant Abdelrahim al-Kib, en poste depuis novembre 2011. Selon le plan de transition, le nouveau gouvernement aura un mandat d'un an jusqu'à la tenue de nouvelles élections sur la base d'une nouvelle Constitution dont la rédaction se fait attendre. Ali Zeidan, un ex-opposant au régime de Mouammar Kadhafi, a été élu le 14 octobre Premier ministre par le CGN. Bénéficiant de l'appui de l'Alliance des forces nationales (AFN, libérale), M. Zeidan l'avait emporté avec 93 voix contre 85 pour le candidat des islamistes du Parti de la justice et de la construction (PJC). L'AFN de Mahmoud Jibril, une coalition de petits partis libéraux menée par des architectes de la révolte de 2011 contre le colonel Kadhafi, détient 39 sièges sur les 80 réservés aux partis politiques. Le PJC est la deuxième formation politique du Congrès avec 17 sièges. Les 120 sièges restants sont détenus par des candidats indépendants aux allégeances et convictions diverses. Diplomate de carrière, Ali Zeidan a passé plus de 30 ans en exil après avoir fait défection en 1980 alors qu'il était en poste à l'ambassade de Libye en Inde. En présentant son programme devant le CGN le 14 octobre, M. Zeidan, a précisé que la construction d'une armée et d'une police sera "la priorité de ses priorités". Il prévoit ainsi "une campagne intensive de formation et de recrutement dans les rangs de la police et de l'armée" en vue d'intégrer de nouveaux éléments et de remplacer les officiers ayant travaillé sous le régime de Mouammar Kadhafi. Parmi ses priorités, il avait cité aussi l'activation de la justice transitionnelle et la réconciliation nationale, au moment où la tension et les rivalités entre tribus et régions risquent de plonger le pays dans la guerre civile.