Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a appelé lundi les dirigeants africains à se désolidariser de la "politique va-t-en guerre de la France" dont elle a menacé la vie des sept ressortissants otages et ses intérêts au Sahel jusque-là épargnés. "A Hollande (François) et certains dirigeants africains, si vous voulez la paix et la sécurité dans votre pays, nous sommes pour. Si vous voulez la guerre, le Sahara sera un grand cimetière pour vos soldats et un désastre pour vos intérêts", a déclaré le chef d'Aqmi, Abou Moussab Abdel Wadoud plus connu sous le nom d'Abdelmalek Droukdel, selon une vidéo diffusée sur des sites islamistes. Dans cette vidéo intitulée, "L'invasion du Mali, une guerre française par procuration", le dirigeant islamiste radical algérien accuse la France de vouloir à tout prix diviser le Mali pour profiter des richesses de ce peuple qu'elle a déjà appauvri via ses multinationales. "Le prix de la décision de Hollande sera très élevé, les +sages+ français se doivent de destituer ce président s'ils veulent préserver les intérêts de leur pays". L'ancien chef du Groupe salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC, actif en Algérie durant la décennie noire des années 90) affirme que son mouvement dispose de nombreuses armes et menace d'éterniser la guerre "pour vous saigner et accentuer votre crise économique". "Cette guerre va nous valoir beaucoup de sympathie et nous rendra plus déterminés à frapper vos intérêts, qui sont nombreux au Sahel et que nous n'avons pas encore visés". Il appelle les familles des sept otages français, dont le dernier a été enlevé le 20 novembre dans le nord-ouest du Mali, à mener une campagne médiatique pour les sauver. "En dépit des déclarations de Hollande qui affirme tout faire pour les sauver, sa volonté de mener une guerre au Mali ne fait que creuser leurs tombes", menace encore Droukdel. A l'adresse des pays du Sahel, Mauritanie, Sénégal, Côte d'Ivoire et Niger Droukdel les appelle à suivre cette devise africaine: "quand ta maison est en verre, ne jette pas de pierres sur les gens". Ces pays, membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), doivent envoyer quelque 3,300 soldats au Mali pour l'aider à reconquérir le Nord occupé par des groupes islamistes dont Aqmi, dès que l'Onu aura donné son accord. Quand la guerre sera déclenchée, leur déclare-t-il encore, "les débris toucheront toutes les maisons en verre pour les détruire".