PARIS - Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a diffusé une vidéo contenant des messages de quatre otages français enlevés au Niger, suppliant le président Nicolas Sarkozy de retirer les troupes françaises d'Afghanistan, selon le centre américain de surveillance des sites islamistes (SITE). Paris a rejeté mercredi l'exigence d'un retrait d'Afghanistan, déjà formulée à plusieurs reprises dans le passé par Aqmi. La vidéo de 3 minutes et 36 secondes montre successivement des photos de Pierre Legrand, Daniel Larribe, Thierry Dol et Marc Furrer avec des hommes en armes derrière eux. Ils se présentent successivement et prononcent le même texte à quelques mots près: "Nous supplions le président de la République française Nicolas Sarkozy de répondre favorablement à la demande d'Al-Qaïda de retirer les troupes françaises d'Afghanistan. Parce que les Français n'ont vraiment aucun intérêt dans la guerre en Afghanistan". Les enregistrements diffusés mardi datent des 11, 12 ou 13 avril, selon les propos tenus par les otages en se présentant. Paris a rapidement réagi. "Ce n'est pas des preneurs d'otages qui dictent la politique étrangère de la France", a affirmé le ministre des Affaires européennes Laurent Wauquiez sur la radio RMC et BFMTV. "La première tâche, c'est d'expertiser cette vidéo, notamment de s'assurer que c'est bien une vidéo qui témoigne du fait que nos otages sont en vie", a-t-il poursuivi. "La deuxième chose, c'est que nous faisons tout pour faire en sorte qu'ils soient libérés", a-t-il ajouté. Ces quatre Français font partie d'un groupe de sept personnes enlevées le 16 septembre 2010 à Arlit, un site d'extraction d'uranium du nord du Niger: un cadre du groupe nucléaire Areva et son épouse, tous deux français, et cinq employés (trois Français, un Togolais et un Malgache) de son sous-traitant Satom. Le 24 février, trois de ces otages (la Française, un Togolais et un Malgache) ont été relâchés, ce qui avait été interprété par des experts comme une volonté de négocier d'Aqmi, qui a fait allégeance à Al-Qaïda et à son chef Oussama ben Laden. En fin de semaine dernière, une source proche de la médiation en cours avait déjà répété qu'Aqmi exigeait le départ des Français d'Afghanistan en plus d'une demande de rançon de 90 millions d'euros. Fin septembre, deux semaines après leur rapt dans le Sahel, à Arlit (Niger), Aqmi avait mis en ligne une photo et un enregistrement audio des sept otages. En novembre, dans un enregistrement diffusé sur la chaîne de télévision du Qatar Al-Jazira, le chef d'Aqmi, l'Algérien Abdelmalek Droukdel, avait déclaré: "(Si vous) voulez que vos citoyens qui sont prisonniers chez nous soient sains et saufs, alors vous devez vous dépêcher et retirer vos soldats d'Afghanistan selon un calendrier précis que vous rendrez public." Dans un message audio, Oussama ben Laden lui-même avait déjà averti fin octobre que la France ne connaîtrait pas la sécurité tant qu'elle ne retirerait pas ses troupes d'Afghanistan et ne mettrait pas un terme à "ses injustices" à l'égard des musulmans, évoquant notamment la loi interdisant le voile islamique intégral dans l'espace public. Le 21 janvier, dans un message audio, le chef du réseau avait de nouveau lié le sort des otages français au retrait des quelque 3.800 soldats français engagés en Afghanistan. Aqmi, qui a multiplié les enlèvements d'Occidentaux ces dernières années, avait annoncé en juillet 2010 qu'un humanitaire français, Michel Germaneau, avait été tué. Son corps n'a jamais été retrouvé. Deux jeunes Français, Antoine de Léocour et Vincent Delory, enlevés le 7 janvier à Niamey par des ravisseurs travaillant pour Aqmi, ont été tués le lendemain au Mali lors d'une opération militaire franco-nigérienne pour les libérer.