Le procès de l'ultime Premier ministre du régime libyen déchu, Al-Baghdadi al-Mahmoudi, accusé de meurtre et corruption a été ajourné au 11 février pour permettre à la défense de présenter des témoins à décharge. "Nous avons des témoins dont deux sont en détention, Mohamed Aboubacar Dib (un ancien vice-Premier ministre) et Abdelati al-Obeidi (ex-ministre des Affaires étrangères) qui ont été informés par le parquet. Nous avons d'autres témoins à l'extérieur que nous n'avons pu informer dans les délais impartis", a affirmé la défense de M. Mahmoudi demandant que le procès, qui s'est ouvert le 12 novembre, soit ajourné. Le juge a exigé que tous les témoins soient entendus au cours de la même audience. Habillé en costume traditionnel libyen, Baghdadi Mahmoudi comparaissait avec deux autres co-accusés, al-Mabrouk Zahmoul et Amer Salah Terfas, responsables d'une compagnie d'investissement qui était dirigée par Seif al-Islam, fils de Mouammar Kadhafi, sous les mêmes chefs d'accusation. Les prévenus sont accusés en outre de "dilapidation de fonds publics", d'avoir commis des actes visant à "tuer gratuitement des citoyens" durant l'insurrection de 2011, et d'avoir viré 19 millions d'euros vers des comptes privés en Tunisie pour financer un soutien logistique aux forces de l'ancien régime durant la révolution. Les avocats d'al-Mabrouk Zahmoul ont présenté quatre témoins dont un ancien officier sous Kadhafi et les trois autres originaires de la même localité que l'accusé, Bir al-Ghanem, au sud-ouest de Tripoli qui a été occupé par les brigades du régime déchu durant l'insurrection. L'audition des témoins a tourné autour de l'approvisionnement en hydrocarbures des unités de Kadhafi tombant sous le chef d'accusation de soutien logistique aux forces de Kadhafi. La défense s'est évertuée à travers ses questions à démontrer que l'accusé qui était un des responsables de la société étatique de Brega (est) chargée de la commercialisation des hydrocarbures, n'a pas donné d'ordres dans ce sens. Chef du gouvernement libyen de 2006 jusqu'aux derniers jours du régime Kadhafi, M. Mahmoudi avait fui la Libye en septembre 2011, peu après la prise de Tripoli par les rebelles. Il avait été arrêté le 21 septembre à la frontière sud-ouest de la Tunisie, près de l'Algérie, puis livré à Tripoli le 24 juin après neuf mois de détention en Tunisie, où son extradition très controversée a déclenché une crise politique.