La population du nord du Mali risque d'être confrontée à de graves pénuries alimentaires dans les jours à venir, en raison de la fermeture des frontières et l'accès humanitaire limité suite à l'intervention militaire française, rapporte jeudi une agence d'information onusienne, IRIN.Suite à la fermeture des frontières avec le nord malien, les importations de produits alimentaires ont baissé de 50%, dont notamment le riz, la semoule, l'huile et le lait qui figurent dans le régime alimentaire traditionnel des Maliens du nord.Certains camions arrivent à passer la frontière, mais les marchands hésitent à faire le déplacement en raison des contrôles stricts et par crainte de nouveaux bombardements aériens, selon cette agence d'information qui dépend du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).Les marchés de la ville de Mopti fournissent des stocks importants de riz et de millet importés aux régions du nord du pays alors qu'une diminution de 40% de la disponibilité de ces deux céréales a été enregistrée à Kidal depuis janvier 2012. Le prix de ces céréales a enregistré une hausse de 120% par rapport aux moyennes des cinq dernières années.Les habitants de Kidal dépendent des marchés hebdomadaires pour acheter et vendre une grande partie de leur nourriture, mais certains marchés sont toujours fermés ou perturbés, tandis qu'un grand nombre de commerçants des régions de Kidal et de Gao ont fermé leurs magasins par crainte des pillages, indiquent les habitants et les agences d'aide humanitaire cités par IRIN.Les agences d'aide humanitaire craignent que les niveaux d'insécurité alimentaire anormalement élevés dans le Nord ne s'aggravent en raison des blocages : dans le Nord, qui compte 1,8 million d'habitants, 585.000 personnes sont en insécurité alimentaire et plus de 1,2 million de personnes risquent de basculer dans l'insécurité alimentaire.D'après l'ONG locale Sol, les familles de Kidal ont suffisamment de céréales pour tenir 10 jours en moyenne seulement.Suite aux perturbations dans le corridor de Mopti-Douentza-Gao, une grave diminution des stocks de céréales a été enregistrée sur les marchés de Gao.Par ailleurs, la plupart des éleveurs ont fui avec leur bétail rendant difficile de trouver de la viande sur le marché, ajoute IRIN.Les banques ont fermé et la plupart des prêteurs d'argent privés ont suspendu leurs activités, ce qui a entraîné une crise des liquidités à Gao.Des bombes ont détruit un dépôt de carburants de la ville et les résidents craignent une pénurie de carburants.Les résidents, qui sont confrontés à ces difficultés et à la coupure des lignes téléphoniques depuis plus d'une semaine, se sentent vulnérables."Il y a maintenant une semaine que les lignes téléphoniques ont été coupées, donc nous ne pouvons plus communiquer, nous sommes coupés du reste du monde, cela fait peur", soulignent des habitants de Gao à IRIN."Gao est comme un no man's land. Tout le monde est nerveux. Nous n'avons aucune idée de ce qui va se passer demain".Si la pénurie alimentaire continue à Gao, les résidents vont probablement rejoindre Kidal pour trouver de la nourriture, ce qui veut dire que les stocks pourraient diminuer rapidement.