La justice égyptienne a condamné à mort samedi 21 personnes accusées d'être impliquées dans les violences ayant fait 74 morts l'an dernier après un match de football à Port-Saïd (nord-est). Des violences ont éclaté à Port-Saïd entre les forces de sécurité et des proches des condamnés qui avaient tenté d'envahir leur prison après l'annonce du verdict. Des assaillants inconnus ont ouvert le feu en direction de la police qui a riposté avec du gaz lacrymogène, selon des témoins. Des blindés ont été déployés pour disperser les contestataires alors que des violences ont éclaté dans des rues proches de la prison, et les commerces ont fermé. Dans la salle d'audience au Caire, le verdict a été accueilli par les cris de joie et les youyous des membres des familles des victimes. La justice a dit avoir transmis son verdict au mufti d'Egypte, les condamnations à mort devant être autorisées par cette autorité religieuse musulmane. Le président du tribunal a en outre fixé au 9 mars le verdict pour les 52 autres accusés, dont 9 policiers, jugés depuis avril pour leur responsabilité présumée dans les violences de février 2012 au stade de Port-Saïd. En février 2012, 74 personnes étaient mortes à Port-Saïd après un match entre le grand club cairote d'Al-Ahly et une équipe locale, Al-Masry. Ce drame, le plus meurtrier du football égyptien, s'était déroulé au stade de Port-Saïd après qu'Al-Masry avait fait subir sa première défaite de la saison (3-1) à Al-Ahly. Des centaines de supporteurs d'Al-Masry avaient envahi le terrain et lancé des pierres et des bouteilles en direction de ceux d'Al-Ahly. Les jours suivants, des milliers de personnes avaient défilé contre les forces de l'ordre, et des violences entre policiers et manifestants avaient fait 16 morts au Caire et à Suez (nord). Une enquête parlementaire a mis en cause la négligence de la police, l'accusant d'avoir sous-estimé la possibilité d'affrontements dans le stade de Port-Saïd alors même que des supporteurs avaient quitté le stade avant la fin du match parce qu'ils redoutaient des violences. Plus de 70 personnes ont été inculpées pour les violences et ont récusé toutes les charges de meurtre avec préméditation et de port d'armes prohibé pesant sur elles. Les "Ultras" d'Al-Ahly, des supporteurs fervents et organisés qui revendiquent la majorité des victimes, ont menacé les autorités de "chaos" si le verdict n'est pas assez sévère. Tôt samedi, des centaines de supporteurs d'Al-Ahly se sont rassemblés devant leur club au Caire en agitant des drapeaux et des photos des victimes. Mercredi, des centaines d'entre eux avaient mené une série d'actions symboliques dans la capitale, encerclant la Bourse puis bloquant une station de métro ainsi qu'un axe central de la capitale. Les "Ultras" sont réputés pour leur soutien actif à la révolte populairequi a provoqué début 2011 la chute de Hosni Moubarak et pour leur participation aux manifestations contre le pouvoir militaire de transition qui ont suivi.