Le président tunisien Moncef Marzouki a annoncé vendredi la mise en place d'une "Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle" (HAICA) chargée de gérer les médias publics et privés dans le pays. La composition de cette instance dévoilée publiquement à l'occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse était en gestation depuis dix-sept mois, après sa création par un décret-loi en novembre 2011. Le "décret-loi 116" promulgué dans la foulée de la révolution qui a renversé le régime de Zine El Abidine Ben Ali, prévoit la création d'une instance autonome dont la mission consiste notamment à délivrer des licences et à nommer des responsables à la tête des médias publics. Sa mise en oeuvre a été longtemps reportée par le gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahda accusé de vouloir imposer ses partisans au sein de l'instance. Selon la composition annoncée par M. Marzouki, l'instance sera dirigée par l'universitaire Nouri Lajmi et comptera huit membres dont deux magistrats et des journalistes. Ennahda et les journalistes entretiennent des relations tendues. Ces derniers accusent régulièrement le parti islamiste de vouloir domestiquer les médias et Ennahda dénonce un acharnement de la part de médias et journalistes tenants du régime déchu. Des dizaines de journalistes et des militants de droits de l'Homme ont manifesté vendredi à l'occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse accusant le gouvernement de vouloir contrôler le secteur. Dans son rapport annuel, le syndicat national des journalistes tunisiens s'est inquiété d'une hausse des agressions et de menaces contre les journalistes depuis mai 2012. La Tunisie a reculé de quatre places dans le dernier classement annuel de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF), le pays étant désormais à la 138e position sur 179 pays.