Une conseillère du président égyptien Mohamed Morsi s'est excusée d'avoir oublié de prévenir qu'un débat sur un projet de barrage éthiopien au cours duquel des figures politiques avaient notamment évoqué la possibilité de le saboter, était transmis en direct. "Vu l'importance du sujet, il a été décidé à la dernière minute de transmettre la réunion en direct. J'ai oublié d'en informer les participants", a déclaré la conseillère pour les affaires politiques, Pakinam el-Charkawi, sur Twitter. "Je m'excuse pour tout embarras causé aux dirigeants politiques", a-t-elle ajouté. Ces discussions ont porté lundi sur le rapport d'une commission Egypte-Soudan-Ethiopie concernant la décision de l'Ethiopie d'entamer une déviation sur le Nil Bleu, pour construire un barrage hydro-électrique qui inquiète l'Egypte et le Soudan, situés en aval. A la réunion de lundi, Aymane Nour, chef du parti Ghad (libéral), a proposé de propager des rumeurs sur un achat par l'Egypte d'avions militaires afin de mettre la "pression" sur l'Ethiopie. Il a également suggéré que le Caire envoie des équipes politiques, militaires et du renseignement en Ethiopie pour "nous ingérer dans leurs affaires". Younes Makhyoune, chef du parti conservateur islamiste Nour, a estimé que le Caire devait soutenir les rebelles éthiopiens "pour mettre la pression sur le gouvernement" Ces révélations ont provoqué une vague de critiques dans les médias. "Un scandale devant le monde", titrait ainsi le quotidien indépendent Al-Tahrir. L'animatrice d'un talk-show, Rim Magued, a elle affirmé qu'"il est vrai que nous avons demandé de la transparence au gouvernement mais pas à ce point scandaleux". L'Ethiopie a entamé une déviation du Nil Bleu sur 500 mètres, en vue de la construction d'un important barrage hydro-électrique dénommé "Grande renaissance", un projet de 4,2 milliards de dollars (3,2 mds EUR). Le Caire a réagi la semaine dernière affirmant son opposition "à tout projet qui pourrait affecter le débit du fleuve en aval". Le Nil Bleu rejoint le Nil Blanc à Khartoum pour former le Nil, qui traverse le Soudan puis l'Egypte avant de se jeter dans la Méditerranée. L'Egypte considère que ses "droits historiques" sur le Nil sont garantis par deux traités datant de 1929 et 1959 lui accordant notamment un droit de véto sur tout projet en amont que le Caire jugerait contraire à ses intérêts. Ces accords sont toutefois contestés par la majorité des autres pays du bassin du Nil, dont l'Ethiopie, qui ont conclu un traité distinct en 2010 leur permettant de développer des projets sur le fleuve sans avoir à solliciter l'accord du Caire.