L'Ethiopie a entamé la déviation du Nil Bleu, en vue de la construction d'un important barrage hydro-électrique. Une annonce faite par les responsables éthiopiens mercredi. Une annonce qui n'a pas manqué d'inquiéter ses voisins, notamment l'Egypte et le Soudan dont la sécurité hydraulique provient de ce plus grand fleuve d'Afrique. Le Soudan et l'Egypte, deux pays arides très dépendants des eaux du Nil pour l'agriculture notamment, sont ultrasensibles aux projets susceptibles d'affecter le cours du fleuve. Or pour construire le barrage «Grande renaissance», un projet de 4,2 milliards de dollars, le lit du Nil Bleu, l'un des deux principaux affluents du Nil, doit être dévié sur environ 500 mètres. La compagnie nationale d'électricité éthiopienne (Eepco) se veut pourtant rassurante. Elle affirme que le barrage jouera un rôle régulateur et réduira à la fois les risques d'inondations et les périodes de sécheresse. Des déclarations qui n'ont pas rassuré du tout l'Egypte et le Soudan. Le Caire et Khartoum ont dès l'annonce, entamé des consultations. Le gouvernement égyptien a rappelé que le Caire était opposé «à tout projet qui pourrait affecter le débit du fleuve en aval». L'Egypte considère que ses «droits historiques» sur le Nil sont garantis par deux traités datant de 1929 et 1959 lui accordant ainsi qu'au Soudan des droits sur 87% au total du débit du fleuve, et un droit de véto sur tout projet en amont que le Caire jugerait contraire à ses intérêts. Ces accords sont toutefois contestés par la majorité des autres pays du bassin du Nil, dont l'Ethiopie, qui ont conclu un traité distinct en 2010 leur permettant de développer des projets sur le fleuve sans avoir à solliciter l'accord du Caire. Hier, le président égyptien, Mohamed Morsi, est à nouveau monté au créneau. Il a averti que son pays ne laisserait pas sa part du Nil être menacée même «d'une goutte». «Nous ne pouvons rien laisser passer qui puisse avoir un impact sur une goutte des eaux du Nil», a déclaré M. Morsi lors d'un dialogue sur ce dossier avec des personnalités politiques et religieuses égyptiennes, retransmis en direct à la télévision publique. «Il faut que nous prenions les mesures garantissant la protection de la sécurité hydraulique égyptienne», a-t-il ajouté sur son compte officiel Twitter, sans donner plus de précisions. «La situation actuelle nécessite d'unir les rangs pour empêcher toute menace contre l'Egypte», a-t-il poursuivi. Le dialogue à la présidence portait sur le rapport d'une commission tripartite Egypte-Soudan-Ethiopie concernant la décision de l'Ethiopie d'entamer une déviation sur le Nil Bleu, pour construire un important barrage hydro-électrique qui inquiète l'Egypte et le Soudan, situés en aval. Des responsables égyptiens ont estimé que la décision éthiopienne était essentiellement technique et ne modifiait pas le débit des eaux du Nil, fleuve vital pour l'Egypte comme pour le Soudan. Mais un conseiller de M. Morsi, Khaled al-Kazzaz, a estimé que ce dossier touchait à «la sécurité nationale» de l'Egypte, et la nervosité des autorités égyptiennes s'est traduite mercredi par une réunion du gouvernement sur ce sujet, qui a rappelé que Le Caire était opposé «à tout projet qui pourrait affecter le débit du fleuve en aval». Le Nil Bleu rejoint le Nil Blanc à Khartoum pour former le Nil, qui traverse le Soudan puis l'Egypte avant de se jeter dans la Méditerranée. M. S./Agences