Les Frères musulmans égyptiens, dont est issu le président renversé par l'armée, accepteraient une médiation de l'Union européenne dans des négociations visant à rétablir dans ses fonctions Mohamed Morsi, mais entendent actuellement privilégier les manifestations pour exiger son retour, ont indiqué jeudi des responsables de la confrérie. Des responsables des Frères musulmans qui ont rencontré le chef de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton et son émissaire en Egypte Bernardino Leon ont indiqué qu'ils pensaient que l'UE pourrait éventuellement préparer le terrain à une feuille de route pour faire revenir M. Morsi à la présidence. L'armée, qui a remis le pouvoir à un gouvernement de transition après le renversement de M. Morsi le 3 juillet, a rejeté toute perspective de retour de M. Morsi, et a nommé à sa place un président par intérim, Adly Mansour. Gehad El-Haddad, un haut responsable des Frères musulmans, a indiqué qu'il avait rencontré M. Leon au Caire. "La discussion avec Bernardino portait sur la façon de préparer des négociations", a-t-il dit. "La restauration de la légitimité n'est pas négociable", a-t-il ajouté à propos du président Morsi, élu en juin 2012, premier président civil en Egypte. Un autre responsable, Amr Darrag, qui était ministre de la Coopération internationale de M. Morsi, a dit que M. Leon lui avait avoir exprimé "le désir que nous soyons impliqués dans un processus de discussions politiques". M. Darrag a totuefois répondu qu'il était "impossible d'être engagés dans le processus politique sous la loi d'un coup d'Etat militaire". "Nous avons été clairs: nous voulons restaurer la légitimité. Une fois la légitimité restaurée, nous serons souples dans les discussions", a-t-il dit, en référence à une éventuelle élection anticipée. "Je ne pense pas que le problème sera résolu via une médiation internationale", a-t-il toutefois dit. "Les gens sont de plus en plus nombreux dans les rues", a fait valoir M. Darrag, en allusion aux manifestations des islamistes réclamant le retour de M. Morsi. Les manifestations des partisans de M. Morsi ont débouché sur des affrontements avec les forces de l'ordre, faisant plus d'une centaine de morts depuis sa chute le 3 juillet, et des centaines d'arrestations. Les responsables des Frères musulmans estiment que l'armée et le gouvernement intérimaire n'auront pas d'autre choix que de négocier avec la confrérie en raison de la pression qu'elle entend mettre via des manifestations continues. Un haut responsable gouvernemental a toutefois exlu toute négociation pour le retour de M. Morsi. "Il n'y a aucune négociations à ce sujet", a-t-il déclaré sous couvert de l'anonymat. L'ambassadeur de l'Union européenne au Caire, James Moran, a quant à lui affirmé jeudi que "personne ne parle actuellement d'une quelconque médiation de l'UE ou de quelque partie extérieure" à l'Egypte. "Je pense qu'une telle médiation ne serait utile que si les parties concernées en jugent ainsi. Pour le moment nous n'en sommes pas là", a-t-il dit lors d'une conférence de presse. "Si l'Egypte arrive à cette conclusion, il est possible qu'il y ait une forme de facilitation, mais cela reste du domaine de l'hypothèse", a-t-il ajouté. Mme Ashton a demandé mercredi la remise en liberté de M. Morsi, détenu par l'armée. Mais elle a été vivement critiquée par le parti du président déchu pour ne pas avoir dénoncé explicitement son renversement comme étant un "coup d'Etat".