Le juge français Marc Trevidic est à Alger pour discuter d'une procédure d'entraide avec les autorités algériennes afin de faire la lumière sur l'assassinat des sept moines de Tibéhirine en 1996, en pleine guerre civile, a-t-on indiqué mardi de source diplomatique. "M. Trévidic est à Alger depuis hier dans le cadre d'une procédure d'entraide destinée à élaborer les modalités de travail entre les autorités algériennes et françaises sur ce dossier. Il repartira demain" mercredi, a précisé cette source sous couvert de l'anonymat. Arrivé lundi, le magistrat devait s'entretenir avec les Algériens des moyens d'oeuvrer ensemble sur ce dossier épineux qui a suscité de fortes tensions entre les deux pays sur les auteurs de l'enlèvement suivi de l'élimination des religieux du monastère situé à une centaine de km au sud d'Alger dans une zone montagneuse. Les autorités algériennes ont finalement accordé un visa de travail au juge antiterroriste qui demandait depuis deux ans à se rendre sur place notamment pour exhumer les têtes des moines afin de les autopsier, après avoir reçu en décembre 2011 une commission rogatoire internationale en ce sens. Les têtes sont enterrées dans sept tombes au nom des victimes dans le jardin du monastère, leurs corps n'ayant jamais été retrouvés. "Il n'est pas prévu que le juge sorte d'Alger", a précisé le diplomate selon lequel il s'agit seulement "d'organiser des discussions en prévision de la suite". M. Trévidic veut également entendre une vingtaine de témoins, dont des officiers supérieurs des services de renseignement et des islamistes repentis ou incarcérés impliqués de près ou de loin dans cette affaire. Enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère isolé près de Medea, les religieux avaient été assassinés. Le Groupe islamique armé (GIA) de Djamel Zitouni, parfois soupçonné d'avoir été un agent infiltré des services algériens, avait revendiqué l'enlèvement et l'assassinat. Les têtes des religieux avaient été retrouvées le 30 mai au bord d'une route de montagne, mais leurs corps ne l'ont jamais été, soulevant l'hypothèse que cette absence de dépouilles ait été destinée à masquer les causes de la mort. Après avoir suivi la thèse islamiste, le juge Trévidic a réorienté l'enquête vers une possible bavure de l'armée algérienne depuis 2009 et le témoignage d'un ancien attaché de Défense à l'ambassade de France à Alger. Selon le général François Buchwalter, les moines ont été tués dans un raid d'hélicoptères militaires tandis qu'ils se trouvaient dans ce qui semblait être un bivouac de jihadistes.