Il sera difficile de respecter la date du 22 janvier fixée par l'ONU pour tenir à Genève une conférence de paix sur la Syrie, où la guerre fait rage et a des retombées dans toute la région, soulignent des analystes. "Enfin, et pour la première fois, le gouvernement syrien et l'opposition vont se rencontrer à la table des négociations et non sur le champ de bataille", a déclaré lundi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon en annonçant la date. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a estimé que la Conférence de Genève serait "la meilleure occasion (...) de former un gouvernement de transition d'un commun accord". Mais peu d'analystes croient en la possibilité de mettre fin rapidement à un conflit qui dure depuis deux ans et demi, a fait plus de 100.000 morts et forcé à l'exil près de trois millions de personnes. En effet, la liste des participants à la conférence n'est pas encore établie, les grandes puissances restent divisées et impuissantes à mettre un frein aux combats, tandis que l'hostilité demeure très vive entre le régime de Bachar al-Assad et une opposition profondément morcelée. L'ONU ne se risque plus à donner de bilan précis du carnage et le représentant spécial des Nations unies en Irak, Nickolay Mladenov, a averti lundi le Conseil de sécurité des dangers d'une infiltration en Irak de groupes extrémistes opérant en Syrie. Pour Salman Shaikh, directeur du centre de recherche Brookings à Doha, le fait que l'ONU ait pu annoncer une date est un signe positif. Mais il évalue les chances de réussite de la conférence de Genève à "50-50" et souligne qu'elle "est l'otage de la situation sur le terrain". "Le 22 janvier est encore loin", note pour sa part Richard Gowan, de l'Université de New York. "L'armée syrienne a enregistré de nouvelles victoires sur les rebelles et pourrait redoubler d'efforts pour renforcer sa position militaire avant le début des négociations".