Au cinquième jour de la campagne et avant le week-end qui voit habituellement une participation plus grande des citoyens aux meetings électoraux, un premier bilan de la campagne, entamée dimanche dernier, fait ressortir l'organisation de quelque cinquante meetings et dix rencontres de proximité. Ainsi, vingt-deux meetings et une rencontre de proximité ont été organisés par le staff du candidat Abdelaziz Bouteflika auxquels ont pris part cinq membres de son état-major, dix meetings pour le candidat Ali Benflis, sept pour Louisa Hanoune, cinq pour Abdelaziz Belaid et cinq également pour Fawzi Rebaîne qui en annulé un. Le candidat Moussa Touati se démarque du lot avec des rencontres de proximité et seulement un seul meeting. Dès le lancement de la campagne, les candidats et leurs représentants ont choisi de draper leurs déplacements de référents culturels à forte charge symbolique. Le choix des wilayas s'est inscrit dans cette démarche qui emprunte au marketing politique pour séduire et convaincre les électeurs qui ne sont pas fixés dans un bord ou dans un autre. Le Sud pour le candidat Bouteflika pour dire l'attachement à cette partie de l'Algérie, Mascara, la ville de l'Emir Abdelkader pour Benflis, Annaba pour Hanoune en ce qu'elle représente comme acquis pour les travailleurs, symbolisés par le complexe El Hadjar, El Bayedh pour Touati car comptant le plus grand nombre d'élus locaux dans cette wilaya ou encore Djelfa pour le candidat Belaid pour signifier le fort lien affectif qui le lie à cette région où il a commencé sa carrière de médecin, tous les candidats ont choisi de renvoyer aux électeurs une image fondée sur des valeurs perçues comme avantage concurrentiel. Marketing et thématique ciblée Au côté de ces techniques, vient s'agréer une thématique segmentée autour des principaux axes des programmes défendus par chaque candidat. Deux principaux segments ont marqué, ces cinq jours de campagne, la thématique du candidat Abdelaziz Bouteflika. La stabilité recouvrée grâce à la réconciliation nationale à préserver contre les "partisans de la division", c'est à dire ceux qui appellent à boycotter et ceux qui poussent à faire bouger la rue, et une projection sur l'avenir, incluant le volet politique avec notamment une révision constitutionnelle et la poursuite des réformes avec un rappel de toutes les réalisations depuis 1999. Le candidat Benflis a choisi, lui, de surfer sur le grand chapitre des libertés, s'engageant à réaliser un "projet de renouveau national" qui passe par une reconfiguration de toute l'architecture institutionnelle, couplée à une lutte contre la corruption et un redéploiement de l'appareil de production pour sortir de la dépendance en matière d'hydrocarbures. L'"audace" est le nouveau maître-mot qui caractérise la campagne de la secrétaire du Parti des travailleurs. Louisa Hanoune qui a choisi de donner à son programme un "contenu politique et institutionnel", selon ses collaborateurs, ne milite pas moins pour jeter les bases d'une nouvelle ère, une grande ambition, résumée par ces mots: une "2ème république qui se construit souverainement avec le peuple". Le plus jeune des candidats, Abdelaziz Belaid, a inscrit sa démarche dans une logique de ciblage de l'électorat jeune. Le contenu de ses interventions reste concentré sur cet électorat que lui disputent aussi d'autres candidats. A 51 ans, Abdelaziz Belaid tente de tirer avantage de cet "atout" pour construire son argumentaire autour des préoccupations des jeunes en ciblant la principale d'entre elles: l'emploi. C'est sur ce même registre qu'évolue le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, qui a été le seul, durant ces premiers jours, de campagne à privilégier les rencontres de proximité pour montrer toute l'attention qu'il porte aux électeurs notamment les jeunes d'entre eux. Se proclamant comme le "parti des démunis", pour le "peu de moyens dont il dispose pour faire sa campagne", selon ses proches, Touati qui partage avec les autres candidats l'appel à un vote massif le 17 avril, a opté pour une symbolique, celle de se montrer "proche des souffrances de son peuple". Fewzi Rebaine, qui a pour lui toutes ses années de militantisme pour les droits de l'homme, se présente comme l'homme du "changement radical". Le secrétaire général du parti Ahd 54 se présente pour la troisième fois à l'élection présidentielle après celles de 2004 et 2009. Il ne désespère pas de constituer "l'alternative" au régime actuel. Il a redit, dans les cinq wilayas visitées, son ambition d'instaurer les libertés, de sortir de l'économie de la rente et de construire un "véritable Etat de justice sociale".