JOHANNESBURG (Afrique du Sud) - L'Afrique du Sud donne vendredi le coup d'envoi du Mondial de football sans son premier président noir Nelson Mandela, qui a renoncé à participer après la mort de l'une de ses arrière-petites-filles dans un accident de voiture. Les portes du stade de Soccer City, à Johannesburg, ont ouvert vers 10H00 (08H00 GMT), laissant entrer les premiers supporteurs dans un vacarme de vuvuzelas et de pales d'hélicoptères de surveillance. La fête était toutefois ternie par l'annonce du décès de Zenani Mandela, 13 ans, tuée dans un accident de la route alors qu'elle rentrait d'un méga-concert organisé jeudi soir à Soweto pour lancer les festivités de la Coupe du monde. La voiture dans laquelle elle se trouvait s'est retournée sur l'autoroute, au coeur de Johannesburg. Le chauffeur du véhicule, un proche, a été arrêté et inculpé de conduite en état d'ivresse. Il devait être présenté à la justice dans la journée. En deuil, Nelson Mandela a annulé sa présence à la cérémonie d'ouverture, à 14h00 (12H00 GMT) à Soccer City, avant le match Afrique du Sud-Mexique à 16h00 (14H00 GMT). Malgré le froid hivernal et son grand âge, l'icône mondiale de la réconciliation, bientôt 92 ans, devait passer au moins un quart d'heure dans les gradins du gigantesque stade, érigé dans le no man's land hérité de l'apartheid entre Johannesburg et le township de Soweto. Mais "il serait inapproprié dans ces circonstances qu'il assiste personnellement aux célébrations pour l'ouverture de la Coupe du monde", a expliqué la Fondation dans un communiqué. L'implication du héros de la lutte anti-apartheid a été décisive dans l'attribution du Mondial à l'Afrique du Sud. "Son rêve de souder la Nation par le sport se concrétise aujourd'hui", titrait vendredi en Une le quotidien the Star. Le décès de son arrière-petite-fille sur les routes du pays survient au lendemain du décès de trois touristes britanniques dans un autre accident. Ces drames ont rappelé que l'Afrique du Sud, réputée pour sa criminalité record, était également l'un des pays les plus dangereux au monde en terme de circulation. Quelque 16.000 personnes meurent sur ses routes chaque année. Mais les organisateurs du Mondial espèrent qu'un tournoi réussi changera la perception de l'Afrique du sud dans le monde, et plus largement de l'ensemble du continent, qui accueille pour la première fois la fête planétaire du ballon rond. "L'Afrique du sud rock! L'Afrique du Sud est cool!", a lancé le chef de l'Etat, Jacob Zuma, jeudi soir avant le concert dans le stade d'Orlando, au coeur de l'emblématique township de Soweto. "Nous voulons dire au monde que cette chenille laide, si laide, que nous étions, est devenue ce papillon si joli, si joli!", a renchéri le Nobel de la Paix Mgr Desmond Tutu, en référence à la chute de l'apartheid il y a seize ans. Une marée de visages blancs, noirs, métis ou indiens, flottant parmi les or et vert du Onze sud-africain, emplissait le stade où se sont produits des stars comme la Colombienne Shakira et les Black Eyed Peas. A l'autre extrémité du pays, des dizaines de milliers de fans se sont pressés au même moment à l'inauguration d'un fan park devant la mairie du Cap (sud-ouest). La foule était telle qu'un mouvement incontrôlé a fait trois blessés, dont un policier. Vendredi, les forces de l'ordre ont déployé un dispositif imposant pour empêcher tout dérapage de ce type à Soccer City, où sont attendus près de 85.000 supporteurs, une vingtaine de chefs d'Etat et le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. "Nous sommes en état d'alerte maximale", a déclaré le chef de la police Bheki Cele. Environ 34.000 agents seront sur le site et une dizaine de milliers de militaires de réserve peuvent être appelés en renfort. Dans la soirée, l'attention se déplacera autour du stade de Green Point au Cap pour le match France-Uruguay, qui débute à 20h30 (18H30 GMT).