Les jihadistes d'Aqmi accentuent les pressions sur la France, exigeant qu'elle retire ses troupes d'Afghanistan en contrepartie de la libération des 5 otages enlevés à Arlit. Paris refuse ce qu'il assimile à un odieux marchandage et dénie à quiconque le droit de lui dicter sa politique étrangère. La nouvelle chef de la diplomatie française, Michèle Alliot-Marie, a affirmé hier que la politique française ne serait pas dictée de «l'extérieur», en réaction aux exigences, jugées inacceptables, d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a demandé à Paris de négocier directement avec Oussama Ben Laden. «La France fait tout ce qui est en son pouvoir pour que tous les otages, où qu'ils soient, soient libérés sains et saufs», a-t-elle déclaré, indiquant que son pays ne peut accepter que sa politique soit dictée à l'extérieur «par qui que ce soit». Jeudi soir, dans un message audio diffusé par la chaîne de télévision Al Jazeera, Abdelmalek Droukdel, le chef d'Aqmi, a exigé que la France retire ses troupes d'Afghanistan et qu'elle négocie ce retrait directement avec Oussama Ben Laden en échange de la libération de ses ressortissants enlevés à Arlit. La diffusion du message d'Aqmi intervient au moment de la tenue du sommet de l'Otan, ouvert hier à Lisbonne, qui doit se pencher sur le retrait graduel de ses forces d'Afghanistan. Pour l'heure, la France n'a pas formellement authentifié le message d'Aqmi. «Les processus habituels de reconnaissance de l'émetteur sont en cours», a indiqué le porte-parole du ministère de la Défense, Laurent Teisseire. Le ministère des Affaires étrangères confirme également que l'enregistrement est en cours d'authentification. Le nouveau ministre français de la Défense, Alain Juppé, avait indiqué mercredi qu'il y avait «toutes les raisons de penser» que les otages français étaient tous vivants, assurant qu'il existait des «contacts» avec les ravisseurs. Hier matin, l'ex-ministre de la Défense, Hervé Morin, a relevé que la demande de retrait des troupes d'Afghanistan était «une forme de revendication classique et traditionnelle», mais «ce qui est nouveau en revanche, c'est la référence à Ben Laden», a-t-il noté. Pour les observateurs, Droudkel tente d'accréditer la thèse que son mouvement reçoit directement ses instructions d'Al Qaïda mère, soit directement d'Oussama Ben Laden. Et qu'il n'agit que selon la volonté de ce dernier. Pour rappel, Ben Laden avait exigé de la France qu'elle retire ses troupes d'Afghanistan et qu'elle abroge la loi sur le voile islamique si elle ne veut pas s'attirer les foudres de l'organisation terroriste. La question des otages français détenus par Aqmi continue de faire grand bruit dans l'Hexagone. Le président français Nicolas Sarkozy s'était dit mardi «spécialement inquiet» pour les otages détenus au Mali. «Mais nous ne changerons pas d'un iota notre politique sous prétexte que nous sommes menacés», avait-il martelé, demandant aux Français de ne pas se rendre dans la bande sahélienne où opère Aqmi. Une décision que lui contestent par ailleurs les tours operators français qui tirent l'essentiel de leurs revenus des circuits qu'ils organisent dans les pays sahélo-sahariens.