LONDRES - La brutalité de la répression des manifestations pro-démocratiques en mai à Tall Kalakh, dans l'ouest de la Syrie, s'apparente à un crime contre l'humanité, a estimé mardi Amnesty International. "Les témoignages sur les événements survenus à Tall Kalakh", près de la frontière avec le Liban, "dépeignent de manière extrêmement troublante des exactions systématiques et ciblées pour écraser la dissidence", a déclaré dans un communiqué Philip Luther, vice-directeur d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. L'organisation de défense des droits de l'Homme, qui a son siège à Londres, "considère que les crimes commis (...) s'apparentent à des crimes contre l'humanité car ils s'incrivent visiblement dans le cadre d'une attaque systématique et de grande ampleur contre la population civile". Dénonçant "les décès en prison, les tortures et les détentions arbitraires", Amnesty estime que ces faits pourraient "relever de la Cour pénale internationale". Les troupes syriennes étaient intervenues mi-mai dans cette ville pour mater la contestation. Des militants avaient alors assuré qu'au moins 26 personnes avaient été tuées et des dizaines blessées. Amnesty, qui n'est pas autorisée à se rendre en Syrie, précise que ces témoignages ont été recueillis auprès d'une cinquantaine de personnes depuis le Liban et par téléphone. Le premier jour de l'intervention des forces syriennes, celles-ci "ont ouvert le feu sur des familles qui tentaient de s'enfuir", affirme l'organisation. Le lendemain, des dizaines d'hommes ont été arrêtés, poursuit Amnesty, citant des témoins. La plupart de ceux qui ont été emprisonnés ont été torturés et au moins neuf personnes sont mortes en prison. Des familles venues identifier plus tard les corps ont raconté avoir été contraintes de signer des documents affirmant que leurs proches avaient été tués par des gangs armés, rapporte encore Amnesty. Certaines des personnes arrêtées sont en outre toujours en prison, d'après l'organisation. La répression du mouvement de contestation contre le régime du président Bachar al-Assad depuis le 15 mars en Syrie a coûté la vie à plus de 1.300 civils et poussé des milliers d'autres à fuir, selon des ONG.