Lors d'une vente-dédicace, organisée dans l'après-midi de dimanche dernier à la librairie Tiers Monde, l'auteur affirme que les puissances étrangères ont joué le rôle de catalyseur dans les révoltes arabes. Il estime que le cas Bouazizi est la goutte qui a fait déborder le vase, parce que les gens ont été déjà formés sur le terrain. Dans son livre, l'analyste souligne le revirement de situation survenu dans certains pays touchés par les soulèvements populaires. Il explique, preuve à l'appui, que les révoltes arabes sont l'œuvre de jeunes démocrates et laïcs, mais ont profité aux islamistes. « Une fois les régimes en place déposés, les initiateurs de ces changements n'ont pas su asseoir une assise politique à leur mouvement », conclut-il. Ecrit dans une langue accessible, « Arabesque américaine » traite aussi de la genèse des révolutions colorées dans les pays de l'Est qui ont réussi à renverser les régimes en place. Les organismes américains se sont fortement impliqués pour « exporter » la démocratie dans les pays arabes et déstabiliser des gouvernements étrangers. C'est une pratique qui ne date pas d'hier. En guise d'argument, l'écrivain cite la multitude d'organisations non gouvernementales, les agences gouvernementales financées par l'Administration américaine et les autres organismes politiques qui représentent une faune inextricable qui œuvre à la promotion et à l'application de la politique étrangère américaine à travers le monde. Le livre montre également l'influence des nouvelles technologies, considérées à juste titre d'outil idéal pour tout révolutionnaire qui désire déstabiliser un régime. D'ailleurs, ces technologies ont été pour beaucoup dans le renversement des régimes. L'auteur affirme, en outre, que le mouvement serbe Otpor est le premier de l'histoire à avoir utilisé les nouveaux outils technologiques, tels que le téléphone portable et Internet dans son action révolutionnaire. Le développement phénoménal des technologies de l'information et leur popularisation dans les pays en développement notamment a donné naissance à de nouveaux outils et moyens de communication très efficaces, dont Google, Youtube et Facebook. En 2009, la « collaboration » entre ces réseaux a été mise en évidence lors de « la révolution verte ». La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a déclaré que « Twiter était important pour la liberté d'expression iranienne ». Ahmed Bensaâda a consacré un chapitre au cas de l'Egypte, pour le traitement duquel il s'est servi des câbles wikileaks. Il estime qu'à elle seule, la mobilisation de milliers de personnes dans l'espace virtuel ne suffit pas. Une fois dans la rue, les techniques de mobilisation de foules, de socialisation avec les représentants de l'ordre, de gestion logistique et de comportement requièrent une formation adéquate de longue haleine. Raison pour laquelle « le mouvement a réfléchi aux moyens à utiliser pour mobiliser, discipliner et organiser les manifestations dans la rue ». Dans le chapitre dédié aux autres pays arabes, l'écrivain note que le Monde arabe est une poudrière et la fracture entre le peuple et le pouvoir et ses prébendiers n'a cessé de s'aggraver. Pire, elle s'est transformée en gouffre. D'ailleurs, a-t-il écrit, l'étincelle qui a mis le feu à la poudrière arabe est venue de terre tunisienne, après l'immolation par le feu de Mohamed Bouazizi. M. Bensaâda a expliqué aussi le cas syrien, où une jeune blogeuse de vingt ans a été condamnée à cinq ans de prison en février 2011 pour intelligence avec un pays étranger, et le cas algérien où la contestation a été organisée par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie qui regroupait divers partis politiques et syndicats. D'abord facile, « Arabesque américaine » tente de disséquer les tenants et les aboutissants du vent de liberté qui a soufflé sur le Monde arabe.